Accusée par Tripoli de soutenir Khalifa Haftar, la France dément.

Le ministère de l’Intérieur du gouvernement d’union nationale libyen (GNA) reconnu par la communauté internationale, a accusé jeudi pour la première fois directement la France de soutenir le maréchal Khalifa Haftar.

Le ministre de l’Intérieur Fathi Bach Agha, a ordonné « la suspension de tout lien entre le ministère et la partie française dans le cadre des accords sécuritaires bilatéraux à cause de la position du gouvernement français soutenant le criminel Haftar qui agit contre la légitimité ».

La France avait démenti avoir soutenu l’offensive Haftar contre Tripoli, siège du GNA. Paris est considérée par des diplomates et des analystes comme l’un des appuis du maréchal Haftar. Le 8 avril, une source diplomatique française avait indiqué que Paris n’avait aucun « plan caché » pour mettre au pouvoir Haftar, auquel elle « ne reconnaîtra aucune légitimité » s’il prenait le contrôle de Tripoli par les armes.

Mais des analystes et des pro-GNA accusent Paris de bloquer des résolutions condamnant l’offensive au Conseil de sécurité de l’ONU ou à l’Union européenne. La France est accusée de relayer la rhétorique de l’Armée nationale libyenne (ANL, autoproclamée) de Haftar, qui justifie son offensive par le fait qu’elle cherche à combattre les « terroristes » à Tripoli.

Quelques dizaines de manifestants, dont plusieurs portant des gilets jaunes, ont dénoncé mardi à Tripoli ce qu’ils ont qualifié de « soutien » de la France au maréchal Haftar. Les manifestants portaient les fameux gilets fluorescents en référence au mouvement français des « gilets jaunes » en fronde contre la politique fiscale et sociale du président français Emmanuel Macron.