Un juge américain a rejeté une série de poursuites civiles contre le chef militaire libyen, Khalifa Haftar, qui vivait en Virginie et qui était accusé d’avoir tué des civils innocents pendant la guerre civile dans ce pays.
Lors d’une audience vendredi, la juge Leonie Brinkema a déclaré qu’elle n’était pas compétente pour se prononcer sur une affaire de crimes de guerre commis en Libye, même si l’accusé, Khalifa Hafter, était de nationalité américaine et avait vécu pendant plus de 20 ans dans la banlieue nord de la Virginie, en tant qu’exilé du régime de Moammar Kadhafi.
Cette décision constitue un revirement de situation considérable pour l’homme fort de l’est de Libye. En 2022, M. Brinkema avait rendu un jugement par défaut à son encontre après qu’il eut refusé de se présenter aux dépositions prévues concernant son rôle dans les combats qui ont ravagé le pays au cours de la dernière décennie. Mais il a fait appel à de nouveaux avocats qui ont persuadé le juge de rouvrir l’affaire et de permettre à Hafter de comparaître devant le tribunal. Il s’est présenté à deux dépositions distinctes en 2022 et 2023 et a nié avoir orchestré des attaques contre des civils.
En 2019 et 2020, pour rappel, des familles libyennes avaient porté plainte au civil contre le maréchal Haftar, qu’elles tenaient pour responsable de la mort de leurs proches, tués dans des bombardements.
À la tête de l’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), « il s’est engagé dans une guerre sans discernement contre la population libyenne : il a tué de nombreux hommes, femmes et enfants dans des bombardements et torturé d’autres civils », écrivaient-ils.
Ces familles ont appuyé leur demande sur une loi américaine de 1991, le “Torture Victim Protection Act” qui permet de poursuivre au civil toute personne qui, agissant à titre officiel pour une nation étrangère, a commis des actes de torture et/ou des exécutions extrajudiciaires.
La justice américaine avait gelé le dossier avant les élections prévues en décembre 2021 pour ne pas influer sur le scrutin. Comme ces élections n’ont pas eu lieu, l’affaire avait repris, bien que Khalifa Haftar ait tenté, en vain, d’invoquer une immunité de chef d’État.
Né il y a 78 ans, ce soldat formé en Union soviétique avait pris part au coup d’État ayant porté Khadafi au pouvoir en 1969. Engagé dans son armée, il avait été fait prisonnier dans la guerre contre le Tchad, et lâché par le dirigeant.
Les Américains étaient parvenus à le libérer de prison lors d’une opération qui reste aujourd’hui encore une énigme, et lui avait accordé l’asile politique.