Deux figures de la contestation soudanaise, Mohamed Esmat et Ismaïl Jalab, ont été arrêtés après leur rencontre avec Abiy Ahmed.

Des figures de l’opposition soudanaise ont été arrêtées samedi après leur rencontre avec le Premier ministre éthiopien venu en médiateur entre contestation et militaires à Khartoum. Il s’agit de deux figures de la contestation, Mohamed Esmat et Ismaïl Jalab.

Les deux leaders de la contestation soudanaise ont été interpellés par « des hommes armés », selon des proches. Esmat est un leader au sein de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, et Jalab est secrétaire général du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM-N). Ils ont été arrêtés juste après leur rencontre avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.

Vendredi, « lorsque nous sommes sortis de l’ambassade d’Éthiopie, une voiture avec des hommes armés s’est arrêtée, ils ont emmené Mohamed Esmat vers un lieu inconnu et sans donner d’explication », a déclaré à l’AFP Essam Abou Hassabou, membre de l’ALC.

Samedi, à 3H00 (1H00 GMT), des « hommes armés », venus à son lieu de résidence, ont également « embarqué Ismaïl Jalab vers une destination inconnue », selon Rachid Anouar, responsable au sein du SPLM-N. Moubarak Ardoul, porte-parole de ce mouvement, a également été « embarqué ».

Mercredi, les forces de sécurité avaient « arrêté » Yasser Amran, chef-adjoint du SPLM-N, la branche Nord d’une ex-rébellion sudiste qui a régulièrement été en conflit avec le pouvoir central du président déchu Omar El-Béchir. Son arrestation a été vivement condamnée par les États-Unis et l’Union européenne.

Durant sa visite vendredi, le Premier ministre éthiopien avait appelé à « faire preuve de courage et de responsabilité en prenant des actions rapides vers une période de transition démocratique et consensuelle dans le pays », après une rencontre avec le président du Conseil militaire au pouvoir, le général Abdel Fattah Al-Burhane, et plusieurs chefs de la contestation.

Pour rappel, le Conseil militaire a pris la tête du pays depuis la destitution par l’armée de l’ex-président El-Béchir le 11 avril, à la faveur d’un soulèvement populaire inédit déclenché en décembre.

Les militaires au pouvoir avaient entrepris des négociations avec les chefs de la contestation autour de la transition post-Béchir, qui ont toutefois été suspendues le 20 mai, chaque camp voulant en prendre la tête.