Un journaliste français collaborateur d’Africa Intelligence a été arrêté et détenu en Éthiopie depuis le 22 février. Il est soupçonné d’avoir conspiré pour “créer le chaos” dans le pays.

Antoine Galindo s’était rendu en Éthiopie pour couvrir le sommet de l’Union africaine. Après son arrestation jeudi 22 février, il a été présenté à un juge samedi, qui a ordonné la prolongation de sa détention jusqu’au 1er mars, a déclaré Africa Intelligence, qui a condamné cette “arrestation injustifiée”.

“Ces accusations fallacieuses ne reposent sur aucun élément tangible susceptible de justifier cette privation de liberté prolongée”, indique Africa Intelligence, soulignant que M. Galindo avait informé les autorités éthiopiennes de sa mission et disposait d’un visa l’autorisant à travailler dans ce pays en tant que journaliste.

Le journaliste âgé de 36 ans, qui dirige la section Afrique de l’Est dans cette publication, a vécu en Éthiopie entre 2013 et 2017 et était “connu de l’Autorité des médias d’Éthiopie”, qui supervise les accréditations des médias dans le pays.

Selon une source proche du dossier qui s’est confiée à l’AFP sous couvert d’anonymat, M. Galindo a été arrêté jeudi après-midi dans un hôtel d’Addis-Abeba alors qu’il rencontrait un responsable du parti d’opposition Oromo Liberation Front (OLF).

Il est depuis détenu dans un poste de police de la capitale éthiopienne, indique la publication, qui demande sa libération immédiate.

Le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique est en proie à des conflits dans les régions d’Amhara et d’Oromia. Les forces fédérales de la région d’Oromia combattent depuis 2018 le groupe rebelle Oromo Liberation Army (OLA), qui s’est séparé de l’OLF lorsque ce dernier a renoncé à la lutte armée. Dans le même temps, la région d’Amhara est soumise à l’état d’urgence depuis août dernier, après que des combats ont éclaté entre les autorités fédérales et une milice régionale “d’autodéfense” nommée Fano.

Ce décret, qui a été prorogé au début du mois, permet aux autorités de décréter des couvre-feux et de perquisitionner et détenir des suspects sans mandat.

Les combats dans l’Amhara ont ravivé les inquiétudes quant à la stabilité de l’Éthiopie, quelques mois seulement après qu’un accord de paix a mis fin à un conflit brutal de deux ans dans la région la plus septentrionale du Tigré, entre les autorités rebelles tigréennes et les forces loyales au premier ministre Abiy Ahmed.