Réchauffer, voire relancer, les relations israélo-africaines, tel est le coup de poker que le premier ministre Benjamin Netanyahu tente en visitant quatre pays de l’est et du centre du continent, à savoir l’Ouganda, le Kenya, le Rwanda et l’Ethiopie.

Sur le plan symbolique son timing est bon, vu côté israélien, dans la mesure où la tournée commence en Ouganda à l’occasion de la commémoration du raid sur l’aéroport de Entebbe réalisé par un commando dirigé par le frère de Netanyahu, tué dans l’opération qui s’est soldée par la libération de plusieurs dizaines d’otages alors entre les mains d’extrêmistes palestiniens.
L’arrivée du chef de l’exécutif israélien a coïncidé avec le quarantième anniversaire d’un événement considéré comme un exploit par l’Etat hébreu.
Le premier ministre Netanyahu qui a été touché dans sa chair peut présenter à l’occasion une image moins rigide et inflexible que d’habitude.

13 millions de dollars dégagés

Mais le seul jeu de de la communication ne suffira pas pour polir l’image d’un homme dur qui fait tout pour apparaître comme tel.
L’enveloppe modeste de treize millions de dollars dégagée pour « renforcer la politique de coopération et de développement d’Israel » ne sera pas non plus décisive. Parce que les sujets qui opposent les pays africains à Israel sont nombreux et complexes.
Il y a d’abord et avant tout la question palestinienne. Les Etats africains qui ont lutté et vaincu le colonialisme ne peuvent accepter le statut quo dans les territoires palestiniens occupés. Ils exigent la mise en œuvre de la solution onusienne des deux Etats hébreu et palestinien.
Et pour ce faire, la politique de colonisation dans les territoires occupés est un obstacle majeur dénoncé même par les plus farouches partisans d’Israël.

Pour en revenir au timing de la visite vu côté international c’est la surprise avec l’annonce de l’autorisation du gouvernement israélien pour la construction de nouveaux logements dans les territoires occupés. Pied de nez, loi du plus fort, mépris ? En tout cas manque de finesse diplomatique, car une telle annonce est mal venue au moment de cette tentative de renouer avec l’Afrique.

Statut et sort des Falashas

A ce lourd contentieux politique, il faut ajouter le traitement infligé aux migrants africains en Israël et dont la presse fait ses choux gras. De la part d’un pays dont les citoyens ont subi le traumatisme de la barbarie raciste nazie, on peut attendre beaucoup plus de compassion et de générosité. Il n’est pas question d’accueillir tous les migrants mais d’appliquer la loi avec fermeté si nécessaire mais toujours avec humanisme.

Et ce d’autant qu’Israël s’était illustré avec les ponts aériens qui ont permis de rapatrier des millions de juifs éthiopiens, les Falashas. Cette opération avait changé positivement la perception d’Israël en Afrique et dans le monde. Elle a aussi changé la face du pays où aujourd’hui vit une minorité noire fière de ses origines et de sa citoyenneté.

Malgré des problèmes réels d’intégration, les Falashas sont désormais des Israéliens à part entière qui doivent cependant se battre pour tirer le meilleur parti du système démocratique.

Toutefois les Africains n’ont pas oublié les liens douteux entre Israël et l’Afrique du Sud raciste. Cette relation moralement scandaleuse entre un pays ouvertement raciste et un autre dont la raison d’être est de sublimer la défaite des tenants de l’idéologie nazie reste un mystère. Même si le business et les raisons d’Etat expliquent très bien le jeu de dupes entre Israéliens et partisans de l’Apartheid.

Le lien Israël – Afrique du Sud raciste

Aujourd’hui ce contentieux demeure car les leaders sud-africains actuels n’ont pas oublié, mais eux qui prônent le pardon et la réconciliation ne ferment pas leurs portes.

A Netanyahu de leur tendre la main et de donner des gages de bonne foi.
Sa première tournée africaine surfe aussi sur le thème de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme. A l’évidence il y a là un intérêt commun entre Africains et Israéliens. Netanyahu, en plus de visiter quatre pays africains aura l’occasion de rencontrer trois autres chefs d’Etat ou de gouvernement du Sud-Soudan, du Malawi et de Zambie qui prendront part au sommet régional sur la sécurité et le terrorisme aux côtés des leaders des quatre pays hôtes du premier ministre Netanyahu.

Le premier ministre israélien va aussi essayer de promouvoir les relations d’affaires entre son pays et les pays africains. Il est ainsi accompagné de quatre-vingt hommes d’affaires représentant cinquante entreprises.

Dans la compétition économique mondiale, l’Afrique est devenue très attractive et les pays qu’a choisi de visiter Netanyahu comme le Rwanda, le Kenya et surtout l’Ethiopie sont entrain de connaître un boom spectaculaire.

Des pays en plein boom

Dans le cas de l’Ethiopie, la présence des Falashas en Israël est un atout qui peut aider à bâtir une coopération gagnant-gagnant exceptionnelle. Car le pays d’origine des Falashas est l’une des économies qui se développent le plus rapidement sur le continent avec une démographie galopante.

Il y a donc des opportunités à saisir. Mais sur un plan global et à moyen et long terme, les relations israélo-africaines ne pourront vraiment se développer que lorsqu’une paix juste et durable sera négociée entre israéliens et palestiniens, avec l’avènement sur le terrain d’un Etat palestinien indépendant à côté de l’Etat hébreu.

L’Union africaine (UA) est sur la même longueur d’onde que l’ONU et l’ensemble de la communauté internationale.

 

 

Image : Benjamin Netanyahou, premier minsitre israélien.