La Cour pénale fédérale suisse a reconnu mercredi l’ancien ministre gambien de l’Intérieur, Ousman Sonko, coupable de crimes contre l’humanité sous le régime de l’ex-dictateur Yahya Jammeh et l’a condamné à 20 ans d’emprisonnement. Il s’agit d’un verdict historique qui fait appel à la compétence universelle en Europe.

Ousman Sonko, qui a été démis de ses fonctions en 2016, a été reconnu coupable de plusieurs chefs d’accusation d’homicide intentionnel, de torture et de séquestration.

« La chambre de première instance a déclaré Ousman Sonko coupable de plusieurs chefs d’accusation d’homicide volontaire, de plusieurs chefs d’accusation de torture et de plusieurs chefs d’accusation de privation de liberté, chacun en tant que crime contre l’humanité », a indiqué la Cour dans un communiqué. La chambre de première instance a conclut qu’Ousman Sonko a commis ces crimes dans le cadre d’une attaque systématique contre la population civile, ajoute-t-on.

Sonko est le plus haut fonctionnaire jamais jugé par un pays européen en vertu de la compétence universelle, qui permet de poursuivre les crimes les plus graves n’importe où.

Le groupe de campagne TRIAL International, basé à Genève, a déposé la plainte initiale contre Sonko et a soutenu les plaignants.

Sonko a nié les accusations et a accusé les plaignants de mentir en dénonçant sa détention préventive de sept ans, une période qu’il a dit avoir passée en partie à l’isolement.

L’ancien ministre gambien s’est brouillé avec Jammeh au cours des derniers mois de son règne répressif de 22 ans, qui a pris fin lorsque le dirigeant a été contraint de s’exiler en Guinée équatoriale en janvier 2017 après une défaite électorale. Le même mois, Sonko a été arrêté en Suisse alors qu’il demandait l’asile. Le ministère public suisse avait requis la peine maximale, à savoir la réclusion à perpétuité.