À un an de la présidentielle en Côte d’Ivoire, la course aux présidentielles est ouverte.

Guillaume Soro a annoncé sa candidature à la présidentielle de 2020 ; Henri Konan Bédié garde la sienne comme un secret de Polichinelle, Laurent Gbagbo est empêché, sa femme ne l’est pas et s’agite curieusement, d’autres jeunes loups ne cachent pas leur ambition, bref les opposants ciblent le rendez-vous électoral majeur de la République, en cultivant le chacun pour soi.

Bédié et Gbagbo affichent une unité de façade, en rassemblant leurs militants dans des meetings, tandis que Soro se promène à l’étranger. Le seul acte d’unité réelle est…un acte manqué, à savoir le refus de se faire représenter au niveau de la nouvelle commission électorale indépendante.

Ce boycott pourrait coûter très cher aux opposants, s’ils n’ont pas les moyens d’imposer une épreuve de force au régime Ouattara. C’est bien connu : les boycotts pénalisent ceux qui le font.

Pour l’heure donc, Ouattara, avec le RHDP (rassemblement des houphouètistes pour la démocratie et la paix) truste la pole position. Même s’il a donné rendez-vous, en début d’année prochaine, pour annoncer ou non sa candidature à la présidentielle.

Il est permis de penser que si Bédié y va et qu’un candidat FPI (front patriotique ivoirien) d’envergure rejoint la course, il lui sera difficile de s’effacer. Il en serait de même si, par extraordinaire, FPI et PDCI (parti démocratique de Côte d’Ivoire) s’allient et présentent un seul candidat, dès le premier tour. C’est hautement improbable, mais sait-on jamais ?

Le certain est que Bédié et Gbagbo vont surfer sur le slogan : « tout sauf Ouattara », même s’ils n’oseront, peut-être pas, le dire aussi brutalement. Bédié a recommencé ses diatribes sur « l’ivoirité » qui avaient déshonoré sa présidence et terni son image, à jamais. Il va continuer car il n’a pas d’autre fenêtre de tir politique. À 86 ans (l’an prochain) il avance à visage découvert, pour « gagner et prendre sa revanche ». Mais de quelle revanche parle-t-il ?

Le coup d’État qui l’a renversé, il l’a bien cherché par son incompétence et aucun membre du régime actuel n’y a trempé. Quant à Gbagbo, il est le responsable principal des dérives qui ont souillé sa mandature et qui l’ont envoyé à la CPI où son cas est encore pendant, suite à la demande d’annulation de son acquittement par la procureure Fatou Bensouda.

Ces deux revanchards ont un problème avec eux-mêmes et leur propre gestion chaotique du pouvoir. On comprend qu’ils « mutualisent leurs frustrations » et agissent de manière névrotique.

L’opposition ivoirienne est mal partie face à la machine électorale du RHDP. Toutefois, la violence sera au rendez-vous d’une crise inévitable où le choc ethnique pourrait faire des étincelles.

L’arrestation d’un vice-président du PDCI, chez qui des munitions ont été retrouvées devrait sonner l’alerte pour une mobilisation des forces de sécurité, face à toutes éventualités.

La Côte d’Ivoire a déjà subi une violence post-électorale terrifiante et sait donc à quoi s’attendre lorsque les divisions ethniques sont manipulées par les politiciens. Le régime n’aura pas l’excuse de l’ignorance.

Le défi qu’il doit relever est celui d’une organisation efficace du scrutin, dans la transparence et la sécurité des opérations de vote. Afin que chaque citoyen qui en le droit, puisse accomplir son devoir, librement.