La foule appelle l’armée pour faire tomber le régime d’El-Béchir.

Des milliers de manifestants ont appelé dimanche à Khartoum l’armée soudanaise à les soutenir dans leur opposition au président Omar El-Béchir. Un net regain de la contestation secoue le Soudan depuis près de quatre mois.

Les manifestations, qui ont débuté le 19 décembre, ont été jusqu’à présent dispersées par les services de sécurité mais pas par l’armée. Un contestataire est mort samedi à Omdourman, la ville voisine de Khartoum, selon les autorités.

Réunis pour la deuxième journée de suite devant le complexe abritant le siège de l’armée, le ministère de la Défense et la résidence du président, les manifestants ont scandé “le Soudan se libère, l’armée se libère“, selon des témoins, cités par l’AFP.

Des milliers d’hommes et de femmes ont tenu samedi le plus grand rassemblement jamais organisé depuis le début de la contestation en décembre, certains parvenant à atteindre le QG de l’armée pour la première fois.

Lors de précédents rassemblements, les protestataires avaient tenté à plusieurs reprises de marcher vers des lieux symboliques du pouvoir, comme le palais présidentiel, mais en avaient souvent été empêchés par les gaz lacrymogènes tirés par les forces de sécurité.

Les organisateurs du mouvement, une alliance de partis d’opposition ayant rejoint l’Association des professionnels soudanais, ont affirmé cette semaine que le rassemblement était destiné à demander à l’armée de « choisir entre son peuple et le dictateur ». Samedi, ils ont dit espérer que l’armée prenne position pour le peuple, selon un communiqué.

Déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, les manifestations se sont rapidement transformées à travers le pays en mouvement de contestation contre le président El-Béchir, à la tête d’un pays en proie à une crise économique.

Celui-ci a refusé de démissionner et fait face à son plus grand défi depuis son arrivée au pouvoir, estiment des experts. Après avoir tenté de réprimer la contestation par la force, il a instauré l’état d’urgence dans tout le pays le 22 février.

Depuis le début du mouvement, 32 personnes sont décédées, selon les autorités. L’ONG Human Rights Watch (HRW) a évoqué le chiffre d’au moins 51 morts. Plusieurs manifestants ont été arrêtés pour avoir participé à des rassemblements non autorisés et jugés par des tribunaux d’exception.