Les députés de la nouvelle Assemblée élue le 28 avril dernier, entrent donc aujourd’hui officiellement en fonction.

L’installation, ce jour, de l’Assemblée monocolore à Porto Novo, la capitale politique du Bénin, va consacrer le coup de force du président Patrice Talon.


Ce dernier a réussi à écarter toute l’opposition, pour imposer des élections entre des partis acquis à sa cause et va donc installer une chambre totalement illégitime pour représenter le peuple béninois.

Les citoyens béninois l’ont désavoué en refusant d’aller voter et c’est ainsi que le taux de participation officiel est de 27%. Ils ont aussi manifesté leur colère, notamment les 1er et 2 Mai, à Cotonou et dans le Nord du pays : bilan de 1 à 7 morts. Jusqu’ici l’État refuse de donner des chiffres.

La situation reste tendue et l’Assemblée illégitime qui va être installée le sera, sous le mode de la bunkérisation, si on peut dire. Des forces militaires importantes sont déployées pour faire face à toute éventualité.

C’est dire que Talon na va pas reculer, sauf si les opposants arrivent à mobiliser les foules de manière dissuasive. Mais, si l’Assemblée monocolore, avec 47 députés du parti « Union progressiste » et 36 députés de la formation « Bloc républicain » est officiellement installée, alors, le Bénin risque de sombrer dans la dictature.

En effet, on voit mal, Talon hésiter à faire adopter ses réformes constitutionnelles qu’il n’a pu faire passer avec la précédente législature. Il a, entre autres obsessions de rendre obligatoire un « mandat unique », notamment présidentiel.

Il s’était engagé à ne faire qu’un mandat, mais avec l’Assemblée monocolore, il pourrait se prévaloir de l’« avènement » d’une nouvelle république pour se donner « les moyens légaux » de briguer un à deux nouveaux mandats. Au fait, nul ne sait encore quels sont les desseins cachés de l’apprenti dictateur qu’est devenu Talon.

Ses agissement cadrent mal avec ceux de quelqu’un qui se préparerait à ne faire qu’un seul et unique mandat. Il s’est mis à dos beaucoup de monde et des personnes aussi puissantes que lui, sur le plan financier comme Sebastien Ajavon, « ex-roi du poulet », exilé en Europe, suite à une condamnation par contumace.

La seule question qui vaille est de savoir jusqu’à quel point le peuple béninois va accepter d’avaler des couleuvres ?

L’histoire politique du Bénin est pleine de rebondissements spectaculaires, de la dictature marxistes aux alternances démocratiques, dont Talon a bénéficié. Nous assistons donc à l’écriture d’un nouveau chapitre qui commence aujourd’hui.