Les onze membres de la Commission Vérité, réconciliation et réparations, lancée en 2017 par l’actuel président gambien Adama Barrow, prêtent serment ce lundi.

Les violations des droits de l’Homme, commises sous le régime de l’ex-président Gambien Yahya Jammeh, feront l’objet d’une commission d’enquête au niveau national. En effet, vingt mois après le départ en exil de l’ancien chef de l’État, la commission annoncé en 2017 vient de prendre forme ce lundi.

Nomination tardive.

Après près de deux années d’attente, les 11 membres de la Commission « Vérité, réconciliation et réparations », lancée en 2017 par le président Gambien Adama Barrow pour faire la lumière sur les violations des droits de l’Homme de l’ancien régime, prêteront finalement serment lundi. L’annonce a été faite par le Ministre de la Justice Abubacar Tambadou. Selon le responsable, les audiences publiques prévues par la commission vont démarrer rapidement après la cérémonie d’investiture.

Instituée par une loi adoptée en décembre 2017, la nouvelle commission dispose de pouvoirs d’enquête et pourra, au terme de ses travaux, recommander des poursuites ou des réparations. Cette mise en place a été bien reçue par les militants de droits de l’Homme locaux. Dans une déclaration à l’agence française de presse (AFP), l’un d’eux a affirmé que « poursuivre les auteurs de violations des droits de l’Homme administre aux autres la leçon que ni le temps ni la distance ne peuvent empêcher la justice de prévaloir. La justice apporte une consolation et un soulagement aux victimes, même si elle ne peut entièrement leur rendre les droits, la dignité ou les biens qu’ils ont perdus, ni alléger leur souffrance », a-t-il poursuivi.

Le jugement n’est pas d’actualité

Malgré la mise en place de la nouvelle commission, l’éventuel jugement de l’ancien chef de l’État n’est pas d’actualité. En effet, l’ancien militaire qui a régné pendant 22 ans sur ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest ne risque pas « grand-chose » pour le moment ont affirmé plusieurs sources proches du dossier. Toutefois, les défenseurs des droits de l’Homme continuent d’accuser l’ancien régime d’actes systématiques de torture contre des opposants et des journalistes, d’exécutions extra-judiciaires, détentions arbitraires et disparitions forcées.

Pour rappel, militaire parvenu au pouvoir par un putsch sans effusion de sang en 1994 Yahya Jammeh s’était fait largement élire et réélire sans interruption jusqu’à sa défaite en décembre 2016 face à M. Barrow, candidat de l’opposition. Après six semaines d’une crise à rebondissements provoquée par son refus de céder le pouvoir, il a finalement quitté le pays le 21 janvier 2017 pour la Guinée Équatoriale, à la suite d’une intervention militaire de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).