Le Premier ministre Moctar Ouane a réussi à mettre sur pied un gouvernement assez inclusif et ne comptant que 25 membres.

En Afrique , c’est un exploit !

Cependant les militaires y occupent les portefeuilles clés de la Défense, de l’Administration territoriale, de la Sécurité   et de la réconciliation nationale.

Si leur mainmise sur les postes dé sécurité , pour ainsi dire, est compréhensible, l’accaparement du ministère de la Réconciliation nationale est problématique.

Le choix d’une personnalité civile consensuelle serait plus pertinent, car les militaires restent identifiés à des putschistes qui ont accepté les conditions de la transition contraints et forcés par la CEDEAO.

On peut légitimement douter de leur capacité à réconcilier les maliens et notamment ceux qui ont été victimes de leur brutalité.

Ils ont décidé des arrestations arbitraires que la justice malienne a désavoué, heureusement.

La place accordée aux femmes est très limitée : 5 sur 25.

Toutefois elles occupent quelques départements importants comme la Santé, l’Environnement, la Culture.

Cette nouvelle équipe « Ouane2 » semble équilibrée ; cependant, si on considère la complexité de la sociologie politique malienne qui impose une répartition des postes ministériels qui tient compte des spécificités régionales et de la représentativité des différentes composantes communautaires nationales.

Et puis, il ne s’agit que d’un gouvernement d’une transition qui a pour mission de préparer les élections générales fixées au mois de février 2022.

En attendant, il devra gérer les tensions sociales nées de la grève décrétée par la principale centrale syndicale du pays : l’UNTM (Union nationale des travailleurs du Mali) et qui a été reconduite aujourd’hui, pour une durée de 5 jours.

Les syndicalistes ont refusé de signer un document qu’ils avaient pourtant approuvé, après des négociations ardues avec le gouvernement.

Les revendications portant sur l’amélioration des conditions de vie des travailleurs en général, l’amélioration de la grille salariale et des indemnités.

Ils avaient déjà perturbé les secteurs de la santé, de l’éducation et des banques lors de leur premier mouvement de « débraillage » qui avait duré du 17 au 21 mai.

A l’évidence, le nouveau gouvernement a du pain sur la planche, avec surtout l’épineuse question de l’insécurité qui, comme un cancer, ronge le Mali.

C’est l’urgence des urgences dont la résolution conditionne tout le reste, à savoir l’efficacité de la gestion de la transition et l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles dans l’ensemble du pays.

Le défi est énorme !