C’est une motion de défiance à peine voilée. Après les lourdes sanctions infligées au Mali par la Cédéao, dimanche, le chef de la junte guinéenne, le colonel Mamady Doumbouya, a exprimé son soutien au président de la transition malienne, le colonel Assimi Goïta. Dans un communiqué officiel lu à la télévision publique, lundi soir, la Guinée annonce, en effet, que les frontières aériennes et terrestres avec le Mali resteront ouvertes, contrairement aux injonctions de l’organisation sous-régionale.

« Conformément à la vision panafricaniste » de la Guinée, les frontières terrestres et aériennes avec le Mali ne seront pas fermées, indique, en effet, Conakry dans son communiqué. Une position à contre-courant des sanctions prononcées contre Bamako et qui durcit le bras de fer déjà entamé entre le pouvoir en place en Guinée et la Cédéao.

Le colonel Mamady Doumbouya affirme, ouvertement, soutenir un « pays frère ». La proximité entre le chef de la junte guinéenne et le colonel Assimi Goïta avait été évoquée au lendemain du coup d’Etat qui a renversé Alpha Condé, le 5 septembre dernier. Cela, même si les deux militaires se sont montrés jusque-là discrets dans leur relation, évitant notamment de se rendre visite depuis leur prise de pouvoir.

Dans tous les cas, cette déclaration du CNRD montre que le colonel Mamady Doumbouya sait très bien que son sort est lié à celui de son homologue malien. Surtout que lui aussi semble avoir les mêmes intentions de vouloir faire durer la transition le plus longtemps possible.

Il est presque certain, en effet, que le nouvel homme fort de Conakry ne se pliera pas aux injonctions de la Cédéao, concernant l’organisation d’élections en Guinée dans un délai de 6 mois.

D’ailleurs, malgré les injonctions de la Cédéao, le CNRD n’a toujours pas publié un chronogramme précis. Aucune indication n’est, jusque-là, donnée sur la durée de la transition et sur la date des prochaines élections.

Les sanctions déjà infligées à la Guinée par la Cédéao n’ont pas aidé à infléchir la position de la junte guinéenne. Au contraire, le CNRD a très tôt affiché une posture de défiance, déclinant notamment la plupart des conditions de la Cédéao, avec, entre autres, le rejet d’un envoyé spécial de l’organisation à Conakry.

Avec ce soutien affiché officiellement en faveur du Mali, c’est un nouveau pas dans le bras de fer entre la Guinée et la Cédéao qui vient d’être franchi.

Une chose est sûre, la Guinée n’échappera pas à de nouvelles mesures de la Cédéao. Reste juste à savoir l’ampleur qu’auront ces décisions contre Conakry, déjà suspendu des instances de l’institution sous-régionale et qui fait l’objet de sanctions financières ciblées, notamment contre les responsables de la junte.