C’est dans un contexte de recrudescence des attaques djihadistes que le Premier ministre malien est arrivé à Ouagadougou, hier jeudi, où il a invité les autorités sur place à ne compter sur « aucune armée étrangère » pour combattre les groupes terroristes. Choguel Maïga est à la tête d’une délégation de plusieurs ministres qui séjournera au Burkina Faso jusqu’à dimanche et assistera, samedi, à la cérémonie d’ouverture du Festival panafricain du cinéma et de la télévision (Fespaco), dont le Mali est le pays invité d’honneur.

« Aucune armée étrangère ne viendra combattre à notre place », a déclaré Choguel Kokalla Maïga à son arrivée. « Nous sommes sûrs que le terrorisme sera vaincu au Sahel. Nous allons gagner la guerre avec nos armées », a ajouté le Premier ministre malien, accueilli par son homologue burkinabè, Apollinaire Kyélem de Tambela.

« Ce qui vous arrive aujourd’hui, c’est pour vous démoraliser. C’est pour que vous doutiez de votre armée », a encore dit le chef du gouvernement malien, rendant hommage aux victimes des récentes attaques djihadistes au Burkina Faso.

Plus de 80 personnes tuées en 5 jours au Burkina

Vendredi 17 février, une attaque perpétrée dans le Nord du pays, près de la frontière malienne, avait occasionné la mort d’au moins 51 soldats, alors que 80 autres étaient portés disparus selon un bilan provisoire de l’Etat-major des armées. Trois jours plus tard, le lundi 20 février, au moins 19 autres soldats avaient été tués, une trentaine étaient blessés et un grand nombre portés disparus dans de violents combats, toujours près de la frontière malienne.

Mercredi, au moins une douzaine de Volontaires pour la défense de la patrie (VDP), des supplétifs de l’armée, ont été tués lors d’une attaque encore perpétrée dans le Nord du pays.

Selon Choguel Maïga, les groupes djihadistes mettent « la pression pour que vous doutiez de vous-mêmes, nous avons trouvé les mêmes choses au Mali », soulignant que « vous avez fait des choix qui ne sont pas du goût de tout le monde ».

Arrivé au pouvoir en septembre 2022 après un coup d’Etat, le capitaine Ibrahim Traoré a obtenu le départ de l’ambassadeur de France et des forces spéciales françaises de la mission Sabre. Mi-janvier, il avait dénoncé les accords militaires qui liaient les deux pays.

Une démarche similaire au Mali qui a aussi chassé les forces françaises de son territoire. D’ailleurs, comme le Mali, plusieurs observateurs annoncent un rapprochement entre le Burkina Faso et la Russie.

Depuis 2015, les violences djihadistes ont fait plus de 10.000 morts au Burkina Faso, des civils et des militaires et près de deux millions de déplacés internes, selon des ONG.