La statue du Président Thomas Sankara au conseil de l’Entente, à Ougadougou.

Une statue en hommage à Thomas Sankara suscite une polémique au Burkina Faso. La population dénonçant le « manque de ressemblance » avec le père de la révolution burkinabè.

Le « Che africain », assassiné lors d’un coup d’État en 1987 après quatre ans au pouvoir, est devenu une icône du panafricanisme, toujours célébré par la jeunesse du continent et immensément populaire dans son pays.

Dévoilé le 2 mars en grande pompe en marge du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), en présence du président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré et de l’ancien chef d’État ghanéen Jerry Rawlings, le monument de cinq mètres de haut a suscité d’emblée des critiques.

Thomas Sankara y est représenté dans son uniforme militaire de capitaine. Sur le macaron de poitrine de l’uniforme est gravé « TOM.SANK ». « Nous sommes conscients qu’une partie très importante de cette statue ne ressemble pas à notre héros, mais nous tenons à signaler qu’il s’agit d’une œuvre provisoire. C’est pour cela d’ailleurs que la statue a été recouverte aussitôt après son dévoilement et cela jusqu’à sa finition, dans deux mois », a justifié Luc Damiba, le secrétaire général du comité international du mémorial Thomas Sankara, cité par l’AFP.

« C’est dans le souci de faire coïncider l’ouverture du site du mémorial avec la commémoration du cinquantenaire du Fespaco, auquel le président Sankara a insufflé une dynamique populaire et internationale, que la statue a été dévoilée provisoirement », a-t-il ajouté, assurant que « l’œuvre finale reflètera naturellement et fidèlement les traits du visage du héros que nous aimons tous ».

« Nous demandons pardon d’avoir choqué le peuple burkinabè et les amis du Burkina et tous ceux qui ont de l’admiration pour Sankara », a plaidé le colonel Daouda Traoré, membre du comité, estimant que « l’important demeure l’hommage rendu pour la première fois à Thomas Sankara, sur les lieux de son assassinat ».

Le sujet de l’assassinat de Sankara était tabou sous le régime de Blaise Compaoré, qui a bénéficié de sa mort pour prendre un pouvoir qu’il a occupé pendant 27 ans, jusqu’à sa chute en octobre 2014. Beaucoup d’observateurs soupçonnent l’ancien ami de Sankara, aujourd’hui en exil en Côte d’Ivoire, d’avoir commandité son assassinat.