Au moment où la polémique enfle autour de la nouvelle loi relative au parrainage, les Sénégalais se retrouvent tiraillés entre les différents avis sur une question mal présentée aux citoyens et souvent mal interprétée pour des raisons purement politiques.
Entre soutien et opposition, le projet de loi modifiant le système de parrainage en vigueur au Sénégal semble incompris par une grande partie des citoyens. Attaqué par une partie de l’opposition, ce projet ne viole aucune disposition de la Constitution sur le plan strictement juridique explique un professeur sénégalais de droit basé en France. La disposition en question a toujours existé au niveau de la constitution selon les connaisseurs des textes juridiques de ce pays.
Ce que disent les sondages
La nouvelle modification du code électorale a-t-elle été bien assimilée par les Sénégalais ? Vue le degré de désinformation qui a accompagné ce projet de loi, l’information ne semble pas parvenir à tous de la même manière. En effet, selon les résultats d’un sondage sur la perception sociale, politique et économique au Sénégal, réalisé par une ONG américaine, 64% des sondés ne comprennent pas la différence entre mode de scrutin et critère de scrutin. 67% sont pour la limitation des candidatures par n’importe quel moyen au moment où 59% sont d’accord avec le parrainage et 52% pensent que cette loi favorise le régime.
Le même sondage a permis de faire ressortir la popularité du président en place. En effet, 84% ont une bonne image du Président de la République. Macky Sall bénéficie donc d’une bonne image auprès de ses concitoyens. Ces derniers estiment que son action est positive et reconnaissent qu’il est un bon leader. Cependant, des améliorations restent à faire dans les prochaines années estiment les sénégalais dont 65% jugent que le pays tend plutôt vers une amélioration que vers une régression depuis 2012 avec le Plan Sénégal Émergent (PSE).
Ce que disent les spécialistes du droit
« Le projet de loi, modifiant le système de parrainage en vigueur, ne viole aucune disposition de la Constitution sur le plan strictement juridique à notre sens ». C’est ce qu’a confirmé le jeune professeur sénégalais, Moustapha Fall, dans une tribune largement relayée par les médias. Chargé d’enseignement en droit public à l’Université de Nantes en France, le spécialiste des questions législatives, le professeur sénégalais a affirmé que deux clarifications sont à apporter pour éviter de nourrir le doute dans les milieux académiques et de semer la confusion dans l’opinion publique.
Dans ce sens, le professeur souligne dans un premier temps qu’il s’agit de bien retenir que le mode d’élection du Président de la République n’est pas à confondre avec les règles de présentation de candidature. Le deuxième point mis en avant par l’académicien est le fait qu’il s’agit d’une question d’opportunité de stabiliser le système de parrainage dans notre pays. Le professeur rappelle ainsi que « le projet de loi ne viole aucune disposition de la Constitution sur le plan strictement juridique ».
Appel à un encadrement politique
Dans la conclusion de sa tribune, le jeune professeur a affirmé que le parrainage reste le plus noble des procédés de rationalisation de l’espace politique. « Nous avons la certitude que la méthode funeste telle que l’interdiction ou la limitation des partis politique n’est plus de mise » a-t-il assuré. Lançant un appel aux forces vives du Sénégal, Pr.Fall a souligné que « les intelligences sont sollicitées pour asseoir un encadrement politique, juridique et administratif du parrainage » lit-on sur la-dite tribune.
Pour rappel, Au Sénégal, le parrainage a existé depuis la Constitution de 1963 en son article 24 prévoyant pour la recevabilité d’une candidature à l’élection présidentielle la présentation de « 50 électeurs dont 10 députés ». Cette conditionnalité introduit le parrainage citoyen et par des élus pour tous les prétendants à l’élection présidentielle. Cette disposition a été supprimée à partir de 1991. Le nouveau projet de loi, faisant polémique aujourd’hui, pose le parrainage obligatoire à toute candidature par 1% d’électeurs du fichier général. Une partie de ces électeurs doit provenir de 7 régions à raison de 2000 par région. Il s’agit donc d’une généralisation du parrainage et d’une augmentation du seuil électoral.