La diplomatie sénégalaise, naguère flamboyante sous Senghor et Diouf, pris dans le ressac avec Wade, reprend des couleurs avec Macky Sall.

Elle engrange les succès dont la présidence du conseil de sécurité de l’Onu n’est pas le moindre.

Il y a aussi le fait que Aminata Touré, ancien premier ministre est pressentie pour occuper un poste important auprès du nouveau secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres.

Le choix du professeur Abdoulaye Bathily pour succéder à Dlamini Zuma à la tête de la commission de l’union africaine(U.A.) témoigne aussi du dynamisme de la diplomatie sénégalaise. Mais cette nouvelle bataille n’est pas encore gagnée car il y a beaucoup d’intérêts politiques qui s’opposent avec des enjeux géopolitiques majeurs. Il n’en reste pas moins que Bathily a un profil remarquable qui devrait emporter l’adhésion de la majorité des Etats africains. Si seulement la logique panafricaniste s’imposait. Malheureusement la vieille confrontation entre le Maroc et l’Algérie s’invite dans le débat et brouille les cartes avec les candidatures inattendues proposées par le Tchad et le Kenya qui s’ajoutent à celles soutenues par la Guinée-Equatoriale, et le Botswana.

Quoiqu’il arrive, en s’engageant dans cette bataille, Dakar démontre, une fois encore, que sa force de frappe diplomatique est conséquente en Afrique. En effet il n’est pas donné à beaucoup de pays du continent de se lancer dans une telle épreuve.

Le Sénégal a une tradition diplomatique ancienne, des cadres compétents qui se renouvellent à travers les décennies et des responsables politiques crédibles qui forcent le respect dans le monde entier.

Le président Senghor a été le premier à avoir compris quels étaient les atouts immenses du Sénégal dans ce domaine pour étendre son influence, renforcer ses partenariats et favoriser son émancipation économique. Parce que la diplomatie peut aussi être au service du développement.

Récemment le ministre sénégalais des Affaires étrangères, Mankeur Ndiaye a révélé que la diplomatie sénégalaise participait pour plusieurs milliards de francs cfa à la croissance économique nationale. La diplomatie est un investissement rentable donc économiquement et politiquement.

En effet si le « petit Sénégal : 196 000 km2 et 13 millions d’habitants » s’ invite à la table des grands comme le Nigéria, l’Egypte ou encore l’Afrique du Sud etc…c’est grâce au « poids politique » de ses leaders et à leur influence diplomatique continentale voire mondiale.

Senghor en chantre de la « Négritude » et défenseur du dialogue des cultures a « placé » son pays sur la carte du monde, comme on dit. Il a bâti une infrastructure diplomatique planétaire qu’il a fallu restructurer de nombreuses fois parce que les moyens financiers posaient problème. Mais l’investissement a été très rentable car seul le Sénégal, parmi tous les pays africains, peut se targuer d’avoir fait élire un de ses fils à la direction générale de l’UNESCO(Amadou Makhtar Mbow) et un autre à la tête de la FAO(Jacques Diouf). Sans oublier le successeur de Senghor qui a dirigé l’OIF pendant plus d’une décennie(Abdou Diouf).

Il faut ajouter l’ élection du magistrat sénégalais Keba Mbaye à la Cour internationale de justice de la Haye et les dizaines de sénégalais qui travaillent dans les institutions internationales.

Ces succès diplomatiques sont aussi le fruit de l’excellence du système éducatif sénégalais. Il est vrai qu’aujourd’hui la baisse du niveau est une réalité qui s’explique, entre autres, par l’explosion démographique, les difficultés économiques et sociales etc.

Mais cette situation difficile rend encore plus éclatantes les réussites diplomatiques du « pays de la Téranga » car, avec des moyens limités et un contexte moins favorable, le gouvernement du président Macky Sall perpétue la tradition senghorienne et fait rayonner l’intelligence sénégalaise.

Plus que jamais l’ambition de jouer un rôle majeur en Afrique habite les héritiers du président-poète conscient de devoir tenir leur rang en mettant en exergue le « savoir-faire diplomatique sénégalais ».

À cet égard Macky Sall maintient et consolide la position de son pays sur l’échiquier continental. Il a su trouver en Mankeur Ndiaye un homme de confiance discret et efficace.

Les dérives du régime Wade liées aux dérapages du président qui s’étaient mis à dos nombre de ses pairs du continent ne sont plus qu’un lointain souvenir.

La diplomatie sénégalaise a retrouvé des couleurs et un dynamisme qui forcent le respect.