Les autorités sénégalaises veulent instaurer un système de parrainage citoyen pour les élections, en vue de réduire le nombre de candidats et d’éviter « les candidatures fantaisistes ».

Le projet du gouvernement sénégalais d’étendre l’obligation de recueillir des parrainages pour tous les candidats à l’élection présidentielle suscite un grand débat dans les médias.
C’est l’opposition qui pousse des cris d’orfraie et essaie de mobiliser l’opinion sur un sujet à vrai dire banal.

Car le parrainage est consacré dans la loi et tous les candidats indépendants y sont soumis. Les candidats soutenus par un parti politique en étaient dispensés et c’est ce que le gouvernement veut corriger. À juste titre !

Parce qu’il y a inflation de partis politiques (pas loin de 300 partis politiques) et les différentes élections qui viennent d’avoir lieu ont enregistré des nombres record de listes : près de 3000 aux locales et 47 lors des dernières législatives du 30 juillet 2017.

Cette dérive qui a beaucoup participé aux difficultés enregistrées dans le déroulement du scrutin législatif doit être stoppée. Tout le monde en est d’accord et le parrainage apparaît comme la meilleure solution démocratique. Celle qui est appliquée par 12 pays européens dont la France. Mais en France c’est le parrainage des élus qui est imposé et qui avait écarté Rama Yade, par exemple, de la dernière présidentielle.

Le choix du Sénégal porte sur le parrainage citoyen beaucoup plus ouvert car il permet à tout citoyen de parrainer un candidat et un seul. Toutefois, pour que la représentativité du candidat soit réelle, il lui faut obtenir environ 70 000 parrainages, soit 1% du corps électoral avec, au moins 2000 parrainages dans 7 régions sur les 14 que compte le pays.

Ce projet de loi va être débattu à l’Assemblée nationale et pourrait connaître des modifications et/ou être enrichi. Pourquoi donc l’opposition soulève-t-elle une tempête dans un verre d’eau ? Parce qu’elle est aux abois et cherche désespérément à entrainer les populations dans une protestation contre le gouvernement.

Il y a aussi que nombre de candidats potentiels ne pourront pas avoir les parrainages nécessaires. En effet sur les 47 listes des législatives seules 14, au total ont obtenu des députés. Par ailleurs en 2012, lors des présidentielles, sur 14 candidats, seuls 7 ont franchi la barre des 1% ; les 7 autres n’ont pas pu le faire.

À l’évidence, il y a beaucoup de candidatures folkloriques qui amusent la galerie, polluent les opérations de vote et coûtent très chères au contribuable en affiches imprimées, bulletins de vote, temps d’antenne dans les médias d’État etc. Certes la démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût.

La vérité est que les opposants n’ont pas d’arguments valables contre les parrainages. Ils sont déboussolés et cherchent, en vain, quoi faire pour « soulever la rue ». Malheureusement pour eux la colère populaire ne se décrète pas. Pas plus la question du parrainage que celle de l’affaire Khalifa Sall ne mobilisent les foules.

Le maire de Dakar condamné en première instance à 5 ans de prison ferme a fait appel, tout comme les avocats de l’État. On se rappelle qu’il avait appelé à un soulèvement lorsqu’il avait été déféré et personne ne l’a suivi. Les citoyens sénégalais ont une longue expérience de la démocratie et ne se laissent pas manipuler.

Les parrainages ne sont pas un casus belli ; ils renforcent le système démocratique.
En vérité c’est l’opposition qui devrait en bénéficier car elle va être obligée de se regrouper. Ceux qui ne peuvent pas avoir les parrainages nécessaires apportant leur soutien à ceux qui sont plus représentatifs.

Mais les querelles intestines qui la mine sont irréductibles. Les opposants ne vont jamais s’unir. Ils se détestent cordialement et pire, ont un seul et unique objectif : défendre leurs intérêts personnels.

La bataille d’égo ne laisse aucune place à des retrouvailles patriotiques authentiques.
S’opposer aux parrainages serait un moyen de faire bloc le temps d’une séquence politique.

Ils font beaucoup de bruit dans les médias mais savent très bien que le gouvernement a les moyens démocratiques de faire passer cette réforme impérative et salutaire pour la démocratie sénégalaise.