Premier ministre Domingos Simões Pereira et chef du parti PAIGC.

Le parti historique en Guinée-Bissau semblait bien placé pour former une coalition gouvernementale après l’annonce mercredi des résultats provisoires des élections législatives, remportées par cette formation en confrontation depuis plus de trois ans avec le président José Mario Vaz.

Avec 46,1 % des voix et 47 sièges sur 102, le PAIGC (Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert) manque de peu la majorité absolue, selon les résultats annoncés par la Commission nationale des élections (CNE).

En face, le Madem-G15, formé par 15 députés frondeurs du PAIGC, qu’ils ont amputé de sa majorité dans l’Assemblée sortante, et le Parti pour la rénovation sociale (PRS), réputé proche d’une partie de la hiérarchie militaire, cumulent 48 sièges (respectivement 27 et 21).

Mais le PAIGC a fait alliance avec des formations totalisant sept sièges, dont cinq pour l’APU-PDGB (Alliance populaire unifiée-Parti démocratique de Guinée-Bissau) de Nuno Gomes Nabiam. La formation de ce candidat à l’élection présidentielle de 2014, battu au second tour, peut ainsi faire basculer dans un sens ou dans l’autre la majorité absolue d’une Assemblée très polarisée.

La crise a éclaté en août 2015 avec le limogeage par le président Vaz de son Premier ministre de l’époque, Domingos Simoes Pereira, chef du PAIGC. Elle inquiète d’autant plus la communauté internationale que les élections de 2014 avaient marqué un retour progressif à l’ordre dans ce pays secoué par des tentatives de putsch à répétition.

Le Parlement a été bloqué pendant deux ans, jusqu’à la désignation en avril 2018 d’un Premier ministre de consensus chargé d’organiser ces élections, grâce à une médiation de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Le Madem-G15 et le Parti pour la rénovation sociale (PRS) liées par un accord politique constitueront ainsi un important bloc d’opposition, avec le soutien implicite du président Vaz, issu du PAIGC. Celui-ci avait tenté lors de la législature précédente de s’appuyer sur elles pour former une majorité alternative.
Selon les observateurs, le PAIGC parvient à former un gouvernement, une nouvelle cohabitation conflictuelle risque de s’instaurer avec le président Vaz. Une élection présidentielle est prévue d’ici à la fin juin.