Le président tunisien Kaïs Saïed a décidé de rejeter l’offre de prêt du Fonds monétaire international (FMI), qui conditionne l’octroi d’un prêt à la Tunisie à la mise en place de réformes économiques et à la levée de certaines subventions étatiques.

« En ce qui concerne le FMI, les diktats provenant de l’étranger et qui ne mènent qu’à davantage d’appauvrissement sont inacceptables », a déclaré le président tunisien Kaïs Saïed à la presse, en marge d’une cérémonie à Monastir (Centre-est) marquant le 23e anniversaire du décès du père de l’indépendance tunisienne Habib Bourguiba.

La Tunisie, endettée à environ 80% de son PIB, avait obtenu un accord de principe du FMI à la mi-octobre pour un nouveau prêt d’environ 2 milliards de dollars pour l’aider à surmonter la grave crise financière qu’elle traverse. Mais les discussions sont dans l’impasse, faute d’engagement ferme de la Tunisie à mettre en oeuvre un programme de réformes pour restructurer les plus de 100 entreprises publiques tunisiennes lourdement endettées et lever les subventions sur certains produits de base. Des conditions qui n’ont pas plu au chef de l’État tunisien.

L’alternative serait « qu’on compte sur nous-mêmes », a-t-il par ajouté. « Il faut trouver d’autres idées car la paix sociale n’est pas un jeu ou quelque chose qui peut être pris à la légère ». Kaïs Saïed a tenu à rappeler les meurtrières « émeutes du pain » sous le régime de Bourguiba, dans les années 1980.

En décembre 1983, les autorités tunisiennes avaient décidé de supprimer la subvention sur les produits céréaliers. Conséquence : le prix du pain, de la semoule et des pâtes s’était envolé, provoquant aussitôt des émeutes qui atteignirent leur apogée le 3 janvier 1984. L’état d’urgence fut instauré. Le bilan officiel fut de plusieurs dizaines de morts, mais il serait plus élevé, selon des ONG.

La répression des émeutes du pain en 1984 par le régime de Habib Bourguiba a fait plus d’une centaine de morts. Les familles des victimes réclament justice. Kaïs Saïed s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021, en limogeant le Premier ministre et en gelant le Parlement, dissous par la suite. Ces manœuvres ont fait vaciller la démocratie issue de la première révolte du Printemps arabe.

Il a par ailleurs fait adopter par référendum en juillet 2022 une nouvelle Constitution instaurant un système hyper-présidentialiste et réduisant pratiquement à néant les compétences du Parlement. L’instance était devenue le véritable centre du pouvoir dans le système en place après la chute de la dictature de Zine El Abidine Ben Ali en 2011.