Quand un  militaire putschiste en piège un autre, tel serait le titre d’un feuilleton  politico -judiciaire de mauvais goût qui se joue actuellement en Guinée.

Le prétexte est de « rendre justice aux victimes des évènements sanglants qui se sont déroulés au stade de Conakry, le 28 septembre  2009,avec le bilan macabre de :157 morts et 109 femmes violées. Une orgie macabre à ciel ouvert, un crime barbare impuni jusqu’ici,13 ans après.

On comprend donc que tous les militants des droits de l’homme aient applaudi la décision des nouvelles autorités putschistes d’organiser un procès pour faire ,définitivement ,la lumière sur cet épisode terrifiant qui s’inscrit dans la longue « tradition » criminelle politique qui a ensanglanté ce pays depuis son accession à la souveraineté internationale. Et qui,  auparavant ,  avait vécu les affres de l’occupation coloniale.

 

Mais l’intention du nouvel homme fort de Guinée ,n’est nullement  de faire éclater la vérité ,encore moins de rendre justice aux victimes.

Son objectif politique est de gagner du temps au pouvoir,en utilisant ce procès comme une « télénovela » dont l’acteur principal, bien malgré lui, est l’ex-putschiste Dadis Camara.

Ce dernier qui a toujours été attiré par les caméras, est tombé dans un traquenard bien monté : on lui a d’abord permis de venir en Guinée, depuis son exil burkinabé ,et de retourner tranquillement.

Cela l’a certainement rassuré,  lorsqu’il s’est agi de revenir « participer au procès pour laver son honneur ».

Il a ainsi répondu à la convocation de la justice, sans se douter de ce qui l’attendait.

Et ce, d’autant qu’il avait toujours clamé son innocence ,lui qui n’était pas présent sur les lieux du crime et qui avait intimé l’ordre à Toumba Diakité qui est l’acteur qui s’est illustré dans le rôle du criminel sanguinaire ce tristement célèbre jour du 28 septembre 2009,d’aller répondre aux enquêteurs internationaux.

Ce dernier s’est senti trahi et a cherché à se venger, en tirant sur le capitaine qui a été sauvé miraculeusement,la balle l’ayant seulement effleuré.

La suite fut la disparition de Toumba dans la nature et le départ en exil de Dadis au Maroc d’abord et, ensuite au Burkina.

Le régime d’Alpha Condé qui prendra la succession ,ne se souciera vraiment jamais de faire aboutir les enquêtes,pour organiser un procès équitable.

 

Doumbouya qui a écarté Condé ,ne cherche pas, non plus, à  crever l’abcès. Il offre un spectacle pour dissimuler ses actes horribles de dictateur qui en a déjà réhabilité un autre, Sékou Touré dont le nom a été donné à l’aéroport de la capitale.

S’il était intéressé par le respect des droits de l’homme et de la justice,jamais il n’aurait posé un tel acte qui est une insulte à des milliers voire des millions de citoyens guinéens qui ont souffert le martyr pendant le long règne du dictateur Sékou Touré.

Il cherche tout simplement à détourner les yeux des guinéens et avec la diversion du procès qui va trainer en longueur ,prolonger,  autant que faire se peut sa mainmise sur le pouvoir.

Tel est le scénario-piège dans lequel l’ex homme fort Dadis  Camara ,est tombé.

Dès avant même le procès ,il a été incarcéré et maintenant, il l’est toujours.

Le ménager, en le laissant dans une résidence surveillée ,ne serait-ce que pour le moment où il est présumé innocent et a choisi,  librement de revenir dans le pays pour « laver son honneur »,non. Il faut l’humilier et montrer aux guinéens que lui, Doumbouya décide de tout.

La durée de son régime : 3 ans ,malgré les désaccords exprimés par l’Union africaine ,la CEDEAO ,l’ONU etc.

Rien ne dit d’ailleurs qu’il va quitter de son plein gré et les harcèlements que subissent les opposants, les tueries qui ponctuent toutes les manifestations populaires, entre autres exactions, font penser le contraire.

Cet homme se croit en territoire conquis et ne se pliera à la démocratie que contraint et forcé.

Les opposants ,encore présents en Guinée ,doivent résister et braver la soldatesque de Doumbouya.

Ils l’ont déjà fait contre Sékou Touré ,Lansana Conté et Alpha Condé. Et, avaient fini par triompher.

La triste histoire de la Guinée est ainsi un éternel recommencement, une lutte permanente contre l’injustice et les crimes politiques.

Doumbouya ne mystifie que lui-même ,son procès scénarisé est une mascarade qu’il faut dénoncer.