Le nouveau Parlement gambien a porté jeudi à sa présidence un ancien allié de l’ex-président Yahya Jammeh, a rapporté la télévision nationale

Fabakary Tombong Jatta, 69 ans, chef de l’Alliance for Patriotic Reorientation and Construction (APRC), le parti de Jammeh, a été déclaré président de l’Assemblée nationale faute de concurrent. Il avait été nommé chef de la majorité parlementaire par l’autocrate Yahya Jammeh en 2007 et l’est resté jusqu’à la fin de l’ère Jammeh en 2017.

Un certain nombre de Gambiens se souviennent de lui comme le député qui avait présenté un texte sur l’instauration de l’Etat d’urgence dans les derniers mois de la présidence Jammeh, quand Yahya Jammeh avait refusé de reconnaître sa défaite surprise à la présidentielle de décembre 2016 contre Adama Barrow.

Le texte visait à prolonger le mandat de Yahya Jammeh, mais ce dernier avait finalement été contraint à l’exil sous l’effet des pressions diplomatiques et d’une intervention militaire ouest-africaine.

Yahya Jammeh, qui a gouverné la Gambie d’une main de fer pendant plus de 20 ans, continue d’influer sur la vie politique de son pays. Son successeur, Adama Barrow, a été réélu en décembre 2021 après un accord entre son parti, le National People’s Party (NPP) et l’APRC. L’accord a été largement considéré comme une manœuvre du président sortant pour attirer les partisans de M. Jammeh. De son exil, l’ancien dictateur avait dénoncé cet accord.

Fabakary Tombong Jatta prend la tête de l’Assemblée nationale après les législatives de dimanche. Le NPP du président n’y a remporté que 18 des 53 sièges en jeu. Le chef de l’Etat a cependant la prérogative de désigner cinq députés supplémentaires, parmi lesquels le président du Parlement.

C’est ainsi qu’il a choisi cette semaine Fabakary Tombong Jatta pour présider l’Assemblée. Ses cinq nominations (dont quatre membres du NPP, 22 au total) ainsi qu’une alliance avec l’APRC (3 sièges en comptant le président de l’Assemblée) et un autre petit parti, le National Reconciliation Party (NRP, 4 sièges), confèrent au bloc pro-gouvernemental une majorité de 29 voix sur 58.