En vigueur depuis octobre 2016, l’état d’urgence qui était instauré pour 6 mois est prolongé de 4 mois.
Le Parlement éthiopien en a décidé ainsi. Ce qui veut dire que le pouvoir ne veut prendre aucun risque dans sa stratégie de force pour mettre fin aux contestations populaires qui ont secoué le pays.
En vérité il n’a pas d’autre choix car le respect de la démocratie aurait exigé un partage du pouvoir plus équilibré entre les différentes communautés ethniques en Ethiopie.
La domination de la minorité tigréenne(15% environ de la population) sur les éthnies Omoro et Amarha(qui totalisent 60%) ne peut être maintenue que par une forme de dictature.
C’est cette situation qui explique les tensions sociales récurrentes et les explosions de colère qui en résultent de temps en temps.
Le problème est politique et dépasse donc la question du maintien de l’ordre. Le manque de démocratie est l’équation à résoudre et la minorité tigréenne n’a pas intérêt à le faire. C’est sa mainmise sur l’appareil d’État et l’armée qui est ciblée par l’immense majorité des éthiopiens.
Le développement économique visible ne réussit pas à camoufler ce débat politique majeur. Comment démocratiser un ex-empire ? Un pays à la démographie galopante, dans le peloton de tête des pays les plus peuplés d’Afrique et qui truste la première place en terme de taux de croissance(10%).
La Chine est omniprésente dans le pays où elle délocalise massivement. Il y a donc des opportunités et un potentiel très fort lié aussi à une forte diaspora installée notamment aux États-Unis d’Amérique.
L’Ethiopie a des atouts remarquables pour impulser son développement : une population importante, environ 100 millions d’habitants, un immense espace, des ressources humaines de qualité et des ressources naturelles, beaucoup pour attirer les investisseurs.
Reste le défi démocratique à relever. Ce pays symbole du continent ne peut pas rester en marge des conquêtes démocratiques qui font rayonner un nombre de plus en plus important de pays africains. Cette bourrasque démocratique salutaire ne peut pas épargner l’Ethiopie.
Contenir les populations par l’état d’urgence est une solution cosmétique.
À moyen terme, il faudra des réformes démocratiques pour instaurer une paix sociale durable.