Les combats ont repris hier mercredi dans le Nord de l’Ethiopie, dans des zones frontalières de la région du Tigré, entre rebelles tigréens et gouvernement fédéral. Les deux camps se rejettent la responsabilité d’avoir brisé une trêve observée depuis cinq mois.

Mercredi matin, les autorités rebelles du Tigré ont accusé l’armée éthiopienne de mener une « offensive à grande échelle » contre leurs positions.

Les forces fédérales éthiopiennes « ont lancé une offensive tôt ce matin vers 05H00 (02H00 GMT) ; nous défendons nos positions », a déclaré un porte-parole des autorités rebelles du Tigré, Getachew Reda, cité par l’AFP.

« Ne tenant aucun compte des nombreuses offres de paix présentées par le gouvernement éthiopien », les forces tigréennes « ont lancé une attaque aujourd’hui à 05H00 » (02H00 GMT) et “ont rompu la trêve », a répondu le gouvernement dans un communiqué.

La région est largement coupée du reste du pays et il est impossible de vérifier ces affirmations de manière indépendante. Ces combats sont les premiers d’ampleur signalés depuis une trêve conclue fin mars et jusqu’ici largement respectée, qui avait notamment permis une reprise progressive de l’aide humanitaire vers la région, plongée dans des conditions proches de la famine.

Le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est dit « profondément choqué et attristé » par la reprise des violences et a appelé « fermement à la cessation immédiate des hostilités et à la reprise des négociations de paix », tout comme les Etats-Unis qui ont prôné un « cessez-le-feu durable sans conditions ».

L’Union africaine, qui s’emploie depuis des mois à amener les belligérants à la table des négociations, a appelé à une « désescalade » et réaffirmé « son engagement à travailler avec les parties pour soutenir un processus politique consensuel dans l’intérêt du pays ».

Le conflit qui dure depuis 21 mois a fait plusieurs milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et plongé des centaines de milliers d’Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon les Nations unies.

La guerre a commencé en novembre 2020, quand le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l’armée au Tigré déloger les autorités régionales, les accusant d’avoir attaqué des bases militaires après avoir contesté son autorité durant des mois. L’armée fédérale a reçu l’appui des forces régionales et de milices amhara ainsi que de soldats de l’Erythrée voisine, des troupes toujours présentes dans l’Ouest du Tigré.

Après avoir initialement battus en retraite, les rebelles tigréens ont repris le contrôle de l’essentiel de la région lors d’une contre-offensive mi-2021, au cours de laquelle ils sont entrés en Amhara et Afar.