A l’occasion de son discours à la Nation, à la veille de la fête de l’indépendance, le président ivoirien a dressé un bilan élogieux de son gouvernement sur les plans économique et sanitaire, notamment.

Sur le plan politique, où il était très attendu, il a fait des pas dans la direction souhaitée par ses grands opposants que sont Gbagbo et Bédié.

Il s’est réjoui des libertés provisoires accordées, par les juridictions compétentes, à 69 personnes arrêtées, suite aux évènements liés à la dernière présidentielle.

Et a annoncé avoir signé un décret pour accorder la grâce à 9 personnes.

De facto, 78 personnes sont ainsi élargies ; mais le compte n’y est pas du tout, parce que Gbagbo lui avait remis une liste de 110 personnes détenues, pour qui, il demandait la libération.

En faisant remarquer qu’il était leur leader et que lui dehors, leur détention devenait illogique.

Ouattara avait promis d’agir et l’a donc fait, en coupant la poire en deux, si on peut dire, en précisant que des cas sont à l’étude.

Faudrait-il comprendre que le marchandage politique continue et que le président ivoirien garde encore quelques minutions, au cas où ?

C’est dans cette même perspective qu’il faut considérer le fait que l’amnistie de Gbagbo, pour le braquage de la BCEAO, n’est pas encore à l’ordre du jour.

L’amnistie est un fusil à un coup, une fois que l’on appuie sur la gâchette, il faudra assumer toutes les conséquences possibles.

Dans le cas de la Côte d’Ivoire, Gbagbo serait libre de se présenter à la prochaine présidentielle et, on dirait qu’il s’y prépare en cherchant à s’imposer à la tête de son parti, le FPI.

L’apaisement décliné verbalement est dans les faits, un jeu de cache-cache politique entre des opposants irréductibles et un président qui sait que Bédié et Gbagbo se sont opposés à lui, l’un après l’autre, avec une férocité absolue.

Maintenant, ils sont ensemble contre lui. Et, on ne peut pas ne pas se rappeler que c’est Bédié qui avait défendu le concept pernicieux de l’« ivoirité ».

Et, que Gbagbo a été élu contre le Général Robert Guei, dans une présidentielle où Ouattara et Bédié (éliminé par un coup d’Etat), ont été écartés.

La paix actuelle est une « paix armée », grosse de dérives qui pourraient devenir explosives, dans un pays encore très marqué par les violences politiques.

Le feu couve sous la cendre et la menace terroriste demeure réelle au Nord, mais aussi ailleurs, car les terroristes ont démontré qu’ils pouvaient frapper à Grand Bassam, pas si loin d’Abidjan.

L’idée de privilégier la paix sociale est compréhensible. Mais, sans vraie justice, la paix est-elle durable ?

Le jeu politicien retient en otage le pays tout entier et la nouvelle génération d’hommes politiques qui ne peut pas émerger, tant que les « trois vieux mousquetaires » que sont Ouattara, Bédié et Gbagbo occupent le devant de la scène et ne montrent aucun signe qui pourrait indiquer leur volonté d’aspirer à une retraite bien méritée.

C’est plutôt des stratégies de revanche et des échafaudages de défense et de contre-attaque qui sont en train d’être élaborées par les « dinosaures ».

Au grand dam des quadras et des quinquas, qui commencent à perdre patience. Une relève déboussolée !