Une saisie record de 200 tonnes de faux médicaments a été réalisée en Cote d’Ivoire en novembre dernier

Sept chefs d’Etats africains (Togo, Congo-Brazzaville, Ouganda, Niger, Sénégal, Ghana, Gambie) se réuniront samedi pour signer l’Initiative de Lomé, un accord international criminalisant le trafic de faux médicaments. 

L’objectif de cette initiative, sous l’égide de la Fondation Brazzaville, une ONG indépendante basée à Londres, est d’inciter d’autres Etats à apporter une « réponse collective à cette crise panafricaine ».

Le trafic de faux médicaments, définis comme « falsifiés ou de qualité inférieure », est responsable de plus de 100.000 morts par an en Afrique, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Le phénomène existe dans le monde entier, mais 42% des faux médicaments saisis depuis 2013 l’ont été sur le continent africain, où la faiblesse des systèmes de santé et la pauvreté ont favorisé, plus qu’ailleurs, l’émergence d’un marché parallèle.

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A Lomé, à Cotonou au Bénin ou à Lagos au Nigeria, la plupart des médicaments sont écoulés sur les marchés en plein air, souvent sur des bâches en plastiques posées au sol. On y trouve toutes sortes de remèdes, des anti-douleurs classiques aux antipaludéens en passant par les antibiotiques.

Les médicaments vendues dans la rue sont généralement deux fois moins chers que dans les pharmacies, davantage contrôlée et obligées de s’approvisionner chez des fournisseurs agréés par le ministère de la Santé.

On estime qu’en Afrique, entre 30 et 60% des médicaments mis sur le marché sont faux, et proviennent en premier lieu de Chine et d’Inde. Des plaques tournantes du trafic ont été démantelées, comme le célèbre marché Adjégounlè à Cotonou, une des principales portes d’entrée des faux médicaments en Afrique.

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La Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM) estime qu’un investissement de 1.000 dollars peut générer 500.000 dollars de profits, ce qui rendrait les faux médicaments plus rentables que la plupart des stupéfiants.

Or, faute de législation spécifique, le trafic de faux médicaments est souvent considéré comme un simple délit de contrefaçon et les peines atteignent quelques mois d’emprisonnement tout au plus. Mais tant que le Nigeria, vaste marché de 200 millions d’habitants et première destination des produits contrefaits en Afrique, ne rejoindra pas les efforts déployés par ses voisins, la lutte contre ce fléau restera anecdotique.