C’était un secret de polichinelle : le président Ibrahima Boubacar Keita(IBK) va briguer un second mandat lors du scrutin du 29 juillet prochain. L’annonce a été scénarisée avec une demande de ses partisans suivie d’une réponse favorable du chef de l’État.
Maintenant que le vin est tiré, va commencer le plus dur à savoir : « crédibiliser » une deuxième candidature d’un président qui brille par ses échecs sécuritaires et économiques, entre autres.
Il faudrait même se poser la question de savoir si le Mali réunit, dans la situation actuelle, les conditions minimales pour organiser un scrutin présidentiel dans toute l’étendue de son territoire ? Tellement l’insécurité est devenue une gangrène : il ne se passe presque plus aucun jour sans que les terroristes ne fassent couler le sang des innocents. Et ils sont de plus en plus hardis, attaquant les camps de regroupement des soldats onusiens de la MINUSMA, les cérémonies sociales, les marchés etc.
Une bonne partie du Centre et du Nord du pays est devenue un « no man’s land » où le défi d’organiser des élections ne peut pas être relevé. Par ailleurs, à cette situation nationale chaotique, il faut ajouter un climat politique délétère avec un pléthore de candidats principalement résidant à Bamako qui ne soucie que de la conquête du pouvoir.
Dans ce contexte de « fragmentation extrême des forces politiques », il est vrai que IBK peut avoir une chance car, malgré ses échecs, ses partisans font encore bloc. IBK pourrait arriver au deuxième tour et manœuvrer pour s’imposer. Mais ce serait un tour de force dont les conditions de possibilité sont, pour l’heure, hypothétiques.
Avec les moyens du pouvoir, IBK peut donner beaucoup et promettre encore davantage.
Il a cependant des challengers crédibles comme Soumaila Cissé qui était qualifié au second tour lors du dernier combat présidentiel.
Ce dernier sera encore un candidat dangereux tout comme le seront les anciens premiers ministres Moussa Mara et Modibo Diarra, le milliardaire Diallo(il faut toujours se méfier des milliardaires, l’exemple de Talon au Bénin) etc.
Le problème est de mobiliser les citoyens en proie à la menace terroriste et la précarité économique, sans oublier la corruption qui…prospère dans ce contexte si propice.
IBK pouvait-il se dérober comme son ami François Hollande ?
La réponse est non en attendant le verdict des urnes.