Le président algérien par intérim, Abdelkader Bensalah, a convoqué dimanche le corps électoral pour les élections présidentielles. Bensalah a en effet signé le décret portant convocation du corps électoral pour une élection présidentielle le 12 décembre prochain.
Pour les observateurs, il s’agit d’un véritable coup de force du pouvoir en place en Algérie. Et ce, alors que les Algériens s’étaient mobilisés vendredi pour le 30ème vendredi consécutif de manifestation pour s’opposer à la tenue rapide d’une présidentielle. La présidentielle initialement prévue le 4 juillet avait dû être annulée, aucun candidat ne s’étant déclaré, face à l’ampleur de la contestation.
Malgré l’opposition de la rue, qui ne voit dans la tenue d’une présidentielle qu’un moyen pour le « système » de se maintenir au pouvoir par la fraude, l’armée, qui a pris de facto les rênes du pays, semble bien décidée à accélérer le processus.
La décision prise dimanche par le chef de l’État algérien était attendu. Le ministre de la Justice Belkacem Zeghmati avait présenté mercredi deux projets de loi qui ont été adoptés en l’espace de seulement deux jours par les deux chambres : jeudi par l’Assemblée populaire nationale (APN), où des partis d’opposition ont boycotté la séance, et vendredi matin par le Sénat.
Premier texte en question : la création d’une autorité indépendante chargée des élections qui doit recevoir toutes les prérogatives des autorités publiques, à savoir administratives en matière électorale. Cette instance aura pour mission d’organiser, surveiller le processus électoral et superviser toutes ses étapes, depuis la convocation du corps électoral jusqu’à l’annonce des résultats préliminaires.
Ces deux projets de loi avaient été proposés par une “instance de dialogue”, chargée par le pouvoir de sortir le pays de la crise après la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, après 20 ans à la tête de l’Algérie, sous la pression conjuguée de la rue et de l’armée.
Rappelons que le mouvement de contestation en Algérie réclame le démantèlement de l’appareil hérité des 20 ans de présidence Bouteflika avant tout scrutin, ainsi que la mise en place d’institutions de transition, ce que refuse le pouvoir.