Le chef d’état-major Gaïd Salah réitère son appel au dialogue.

Le chef d’état-major de l’armée algérienne a réclamé mardi un dialogue fait de « concessions mutuelles » pour résoudre la crise en Algérie née de la contestation contre le régime. Il a continué de prôner « dans les plus brefs délais » une présidentielle refusée par les manifestants.

« La priorité aujourd’hui est d’aller vers un dialogue productif qui permette de sortir notre pays » de la crise et « assure ainsi la voie vers la tenue des prochaines élections dans les plus brefs délais possibles, loin, des périodes de transition aux conséquences incertaines », a déclaré le général Ahmed Gaïd Salah.

Devenu de facto le véritable homme fort du pays depuis la démission le 2 avril du président Abdelaziz Bouteflika, le général Gaïd Salah défendait jusqu’ici, comme seule voie de sortie de crise, la « solution constitutionnelle ». Cette dernière passe, selon lui, par l’élection convoquée le 4 juillet prochain par le chef de l’État par intérim, Abdelkader Bensalah, pour élire un nouveau président.

Mais seules deux personnalités sans envergure ont déposé leur candidature, rendant plus qu’incertaine la tenue du scrutin. Ce dernier est massivement rejeté par le mouvement de contestation tant que sont en place les figures de l’appareil hérité des 20 ans de présidence Bouteflika.

Celles-ci sont jugées incapables de garantir un scrutin libre et équitable, et les manifestants réclament avant toute élection le départ de toutes les personnalités liées à l’ancien régime et la mise en place d’institutions de transition ad hoc pour réformer profondément le système politique.

« L’établissement d’un dialogue signifie la disponibilité de tous à s’entendre et s’écouter mutuellement, avec pondération, sérénité, engagement et une aspiration sincère vers la nécessité, voire l’impératif, de trouver les solutions idoines sans délai », a expliqué le chef d’état-major, dans un discours publié par le ministère de la Défense.

Le général a rappelé la sanglante guerre civile qui a déchiré l’Algérie au cours des années 1990, en appelant à « tirer les leçons des expériences précédentes et des événements passés, où la raison était absente », avant de répéter n’avoir « aucune ambition politique ».

En 1992, face à l’écrasante victoire annoncée des islamistes aux premières législatives pluralistes du pays, l’armée avait suspendu le scrutin, plongeant l’Algérie dans un conflit entre forces de sécurité et groupes armés islamistes, qui a fait officiellement environ 200.000 morts, dont de très nombreux civils.