Le président nigérian Muhammadu Buhari, qui rencontre lundi le président américain Donald Trump, est le premier dirigeant africain reçu par l’administration Trump à la Maison Blanche, pour une visite qui sera essentiellement axée sur les problèmes de sécurité et d’économie.
La rencontre sera également suivie avec attention, quelques mois après la polémique causée par le président américain qui avait évoqué des « pays de merde » à propos d’Haïti et de l’Afrique, avant de se rétracter.
Les relations de Donald Trump avec le continent africain ont également souffert en mars du limogeage du secrétaire d’État Rex Tillerson, alors qu’il se trouvait en pleine visite officielle au Nigeria pour sa première tournée africaine.
Selon la Maison Blanche, les conversations vont se concentrer sur « la lutte contre le terrorisme », l’insécurité, et le développement économique et démocratique au Nigeria, où une élection présidentielle est prévue en février 2019.
Le Nigeria entre dans sa 9ème année de lutte contre le groupe Boko Haram, qui a dévasté le nord-est du pays. Le conflit a fait plus de 20.000 morts et des centaines de milliers de déplacés, y compris dans les pays voisins, Tchad, Cameroun et Niger.
Muhammadu Buhari affronte aussi une résurgence d’un conflit agropastoral, récurrent entre agriculteurs et éleveurs, sur fond de divisions ethniques et religieuses.
« Je pense que les deux pays ont une idée claire de l’ordre du jour de cette rencontre : il s’agit de la sécurité et des questions économiques. Les deux ont quelque chose à gagner », a déclaré à l’AFP J. Peter Pham, directeur de l’Africa Center à l’Atlantic Council de Washington.
« Du côté du président Trump, il s’agit de mettre définitivement fin à cette controverse », a-t-il ajouté. « Du côté du président Buhari, il s’agit d’avoir la prééminence d’être le premier leader africain reçu à la Maison Blanche pendant cette administration ».
Relations améliorées
Malgré les remarques du président Trump, les relations entre le Nigeria et les États-Unis se sont améliorées depuis qu’il est arrivé au pouvoir, selon Lauren Blanchard, spécialiste de l’Afrique au sein du Congressional Research Service.
La visite « a pour but de signaler que les États-Unis ont l’intention d’envoyer le message suivant : les Américains continuent de considérer le Nigeria comme un des partenaires les plus importants sur le continent ».
« La coopération s’est améliorée au cours du mandat du président Buhari, mais pas aussi vite que les deux côtés auraient souhaité » a-t-elle ajouté.
Peu après son arrivée au pouvoir en 2015, Muhammadu Buhari, avait reproché au président Barack Obama d’avoir refusé de vendre des armes au Nigeria pour lutter contre Boko Haram.
Mais l’administration Trump a changé de position, en autorisant la vente au Nigeria d’avions Super Tucano d’une valeur de 496 millions de dollars, des appareils de surveillance et de soutien tactique, qui doivent être livrés en 2020.
Cet accord a récemment été examiné avec attention au Nigeria, un pays où la corruption est endémique. Les élus nigérians ont accusé leur président d’illégalité au sujet des fonds utilisés pour acheter ces avions.
Aucun accord commercial important n’est attendu, mais Trump et Buhari parleront aussi des moyens d’approfondir leur coopération économique.
« Il y a la sécurité et l’économie qui se rejoignent avec l’agenda de Trump pour pousser le monde des affaires américain », selon M. Pham.
Buhari, qui cherche à être réélu en 2019, va sans doute évoquer les réformes agricoles de son administration et souligner son engagement envers la démocratie. L’ancien dirigeant militaire âgé de 75 ans avait été en 2015 le premier dirigeant nigérian d’opposition à battre un président sortant au cours d’une élection considérée comme libre et légitime.