Comme prévu, le président Trump a été acquitté, reconnu non coupable d’abus de pouvoir et de non obstruction du Congrès. L’affaire était jouée depuis longtemps car réunir les deux tiers des membres du Sénat, majoritairement républicain (53/47) pour valider un vote de destitution était impossible. D’ailleurs cela ne s’est jamais produit dans l’histoire des Etats-Unis. Il n’en reste pas moins que Trump a été jugé coupable par la chambre des représentants, comme Andrew Jackson et Bill Clinton. Cela va rester dans l’histoire.
Comme va l’être aussi la mise au pas du parti républicain qu’il a imposé depuis qu’il a gagné l’investiture républicaine, contre toute attente et l’élection présidentielle de 2016 contre Hillary Clinton. Trump qui a ramené le parti de l’éléphant à la Maison blanche et qui lui a permis d’obtenir une majorité confortable au Sénat (même s’il a perdu la chambre des représentants), est devenu une terreur pour tous ses adversaires. Car il ne recule devant rien : menaces, insultes, propos vulgaires, xénophobes voire racistes pour arriver à ses fins. Ses tweets sont devenus une arme politique de destruction massive qui n’épargne personne, adversaires de toujours et alliés ayant retournés leur veste.
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L’homme est sans états d’âme et d’une rare brutalité, comme son refus de serrer la main de Mme Pelosi, la présidente de la chambre des représentants, lors de son discours de l’union (rare moment …d’union de tous les membres du Congrès) l’a encore démontré.
Trump ne fait pas semblant, ne fait pas dans la diplomatie, il joue cash, avec un cynisme absolu. Et cela paie car il obtient ce qu’il veut, jusqu’ici : un parti dévoué à sa personne et qui écarte tous ses adversaires, sans ménagement. Les récalcitrants, comme naguère le défunt John Mc Ain, ont été ciblés avec dureté.
Aujourd’hui c’est Mitt Romney, le sénateur de l’Utah qui a refusé de s’aligner et qui a voté la destitution. Il a échoué avec les démocrates et devra s’attendre à des représailles de la part de Trump si jamais, il en a l’opportunité.
Mais Romney est un millionnaire et l’Utah, son Etat semble hors de portée des oukases de Trump. Ce n’est pas le cas pour beaucoup d’autres sénateurs républicains qui craignent la vindicte de Trump qui pourrait nuire à leur réélection (pour ceux dont les sièges seront en jeu cette année). Le parti de Lincoln est sous la coupe d’un homme sûr de sa force et qui ne se gêne pas à l’utiliser avec férocité.
Pour le moment il est incontournable du fait de sa popularité relative (49% d’opinions favorables) avec, surtout une politique économique approuvée par 75% de ses concitoyens.
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La Bourse bat des records et le chômage est au plus bas. Mais Trump n’a pas fait mieux qu’Obama, ni Clinton. Il communique beaucoup plus et ne s’embarrasse pas d’utiliser des infox. Il essaie de faire croire qu’il est à l’origine d’un boom économique sans précédent et c’est faux.
Mais, il est vrai que le ressenti de ses concitoyens est positif, même si les plus nantis bénéficient beaucoup plus de ses baisses d’impôts massives qui creusent un déficit gigantesque qui finira par créer des problèmes économiques majeurs. Après Trump, le déluge ?
Pour l’heure, l’homme savoure sa victoire sur ses adversaires battus et ses détracteurs muselés. Des témoins clés comme John Bolton, ancien conseiller à la sécurité ont été empêchés de parler. Son livre qui devrait être publié pourrait être bloqué. Mais, aux USA, l’information finit toujours par trouver le chemin du public. Trump a réussi à se faire acquitter par Sénat, mais le combat des démocrates se poursuit et le verdict final sera celui des urnes en novembre prochain. Trump garde toutes ses chances, mais la « destitution populaire » reste une vraie menace. Et nul ne sait ce qui va se passer d’ici dix mois.