Ce 27 juillet ,le deuxième sommet Russie/Afrique s’ouvre à Saint-Petersbourg.

Des dizaines de chefs d’Etat et de gouvernements africains vont se bousculer auprès de Poutine ,pour un show politique paradoxal.

Ce sera d’abord une célébration de décennies de partenariats, enracinées dans une lutte anti-coloniale qui a ,certes,  connu des hauts et des bas ,mais qui a abouti à la libération du continent africain.

Pendant cette longue nuit coloniale, l’Afrique n’a pu compter que sur très peu de soutiens extérieurs ,comme la Russie.

Ce soutien demeure une référence et ne peut être oublié, notamment dans la lutte contre l’Apartheid, système barbare ,terrifiant ,qui a brillé, pour ainsi dire ,avec l’appui des occidentaux, qui ont ,par là -même ,piétiné les valeurs républicaines ,les droits de l’homme et la démocratie dont  ils se présentent comme les défenseurs.

Ce choix de pactiser et de participer aux actions ignobles du régime d’Apartheid ,est impardonnable.

Et c’est pourquoi ,malgré les vicissitudes de l’histoire et les dérives  de l’URSS et de la Russie ,il reste  un devoir de gratitude de la part des Africains ,envers ce pays.

 

Ensuite, il y a l’examen lucide des réalités politiques et économiques de l’heure.

L’Occident a changé et sa démocratie est « certes le pire des systèmes  mais ,à l’exception de tous les autres ».

 

Son système économique est le seul qui marche efficacement,  comme d’ailleurs la « conversion chinoise » le prouve ,avec une réussite insolente qui lui permet  de jouer des coudes  avec la première puissance mondiale que sont les USA.
Mais, c’est Pékin qui joue ce rôle,non Moscou ,qui avec sa puissance nucléaire, technologique et pétrolière ne s’est  pas hissé au rang  de géant économique.

Pourquoi ?  Par manque de leadership politique ,la Russie n’a pas « produit »un Den Xiaoping qui a su prendre le tournant de l’économie capitaliste gagnante.

Aujourd’hui la Russie, est, de facto, une « puissance pauvre »,incapable  de mettre son peuple à l’abri des petites difficultés économiques ,à défaut de lui assurer un niveau de vie équivalent à celui des occidentaux ,en terme d’aisance matérielle.

La Russie est devenue dépendante de ses exportations (en hydrocarbures ,notamment) et ,est distancée dans de nombreux domaines, y compris les  équipements sociaux (voitures modernes ,téléphones numériques ,ordinateurs)  ,etc.

Et souffre grandement des sanctions économiques occidentales ,comme l’ a reconnu Poutine.

 

Dans ces conditions ,pourquoi l’Afrique va-t-elle miser sur la Russie ?

Jusqu’à quel point ?

Qu’attendre d’elle ?

Une petite aide économique,voire militaire ,des céréales et du pétrole à bas prix ?

Peut-être ! Avec, en complément des bourses d’études, comme du temps de la colonisation.

Et, aussi des mercenaires, ceux de Wagner ,dont l’efficacité ,à moyen terme, est plus que douteuse.

En fait ce que l’Afrique gagne dans ce partenariat ,c’est une sorte de « monnaie d’échange »,vis-à-vis des occidentaux, comme au temps de la guerre froide.

Pourquoi ne pas jouer des nouvelles rivalités Est/Ouest ?

En restant neutre dans le conflit russo-ukrainien ,quitte à afficher une souveraineté « surjouée » !

L’évident est que Moscou ne peut mettre sur la table des milliards de dollars ,comme Pékin.
Dans la construction d’infrastructures, ce n’est pas, non plus, un secteur où les russes sont conquérants.

Leur production industrielle n’a jamais fait le buzz.

Qu’attendre, donc de cette messe russo-africaine à Saint-Petersbourg ?

Un affichage politique qui favorise Poutine, affaibli par la guerre en Ukraine et, surtout par la rébellion de Wagner qui a déstabilisé   l’Etat …

Ce sommet  brise l’isolement que lui ont imposé les occidentaux et met, aussi en exergue ,la puissance diplomatique de l’Afrique.

 

Mais ne va pas accoucher de grand-chose.

Ainsi, cette nouvelle retrouvaille au sommet ,entre leader russe et dirigeants africains ,va accoucher d’une souris diplomatique qui va, cependant,donner du grain à moudre à la propagande poutinienne.

C’est à retenir et c’est vrai : la Russie se fait entendre en Afrique, sa propagande y est efficace et son mythe encore vivace.

Malheureusement ,ce n’est pas un bon « deal » pour l’Afrique démocratique qui fait chorus avec des militaires putschistes du Mali et du Burkina.

Alors qu’elle doit continuer le combat pour la liberté, la démocratie ,la lutte contre la misère et l’analphabétisme.

Contre la manipulation pernicieuse de Wagner et de ses mercenaires !

Wagner n’est pas la solution contre les djihadistes .Les aides occidentales ,non plus !

Seule l’Afrique consciente, unie, debout, fière,indépendante,peut vaincre l’obscurantisme, le    fanatisme et les djihadistes  qui sont des faux messagers  et des marchands de sable.