Le premier ministre espagnol est dans le déni de réalité en affirmant qu’« il n’y a pas eu de référendum d’autodétermination en Catalogne ce jour ». Il a ajouté que « l’Etat de droit s’est imposé en empêchant la tenue du référendum ».

L’évident est que Rajoy prend ses désirs pour la réalité car il y a bien eu référendum d’autodétermination en Catalogne et que des milliers de personnes ont voté, y compris le président du gouvernement de la province. Malgré les mesures policières : agressions contre les personnes(plus de 800 blessés comptés par les officiels catalans), les incursions musclées dans les bureaux de vote, les saisies d’urnes etc…

L’épreuve de force ternit assurément l’image de la démocratie espagnole. Pourquoi refuser la tenue du référendum ? Au Royaume-Uni, un référendum avait été organisé en Ecosse et les citoyens avaient tranché en faveur du maintien dans l’union. La démocratie exigeait de courir le risque de laisser les électeurs décider librement. En Espagne, le risque d’un vote de séparation est réel mais rien ne dit qu’il aurait gagné si le référendum était approuvé par Madrid.

Le problème est que maintenant les séparatistes catalans crient victoire et vont poursuivre sur leur lancée. Une grève générale est annoncée pour Mardi 3 octobre à l’appel d’une quarantaine d’organisations politiques, syndicales et autres. Le choix de la répression est problématique et met le gouvernement de Madrid en difficulté.

Il est vrai que la riche catalogne est une région qui compte en Espagne qui en a donc bien besoin. Une éventuelle sécession auraient des conséquences économiques importantes pour le royaume. Mais aussi politiques aussi bien en Espagne qu’en France, par exemple où vit une population catalane. Cela pourrait aussi donner des idées aux minorités autres notamment basques qui sont très engagées dans des activités séparatistes parfois violentes.

Le cas catalan en dit long sur l’état politique de l’Europe où resurgissent les vieilles divisions autonomistes que les Etats-Nations centralisateurs n’ont pu réduire. C’est un échec de la démocratie dans une certaine mesure car elle n’a pas vocation à empêcher l’expression des identités culturelles. Il est vrai qu’en Espagne les régions ont une assez large autonomie. En Allemagne aussi. Mais pourquoi dans un cas il y a volonté séparatiste et dans l’autre pas ?

Les autorités de Madrid doivent cogiter sur cette question et non jouer la seule carte de la répression. L’Europe, comme d’autres régions du monde, a accepté des « séparations à l’amiable entre tchèques et slovaques par exemple. Tout le monde sait qu’entre flamands et francophones, la Belgique est tiraillée. On n’oublie pas le nationalisme corse en France.

Que va-t-il se passer en Espagne ? Nul ne sait car l‘équation catalane est à plusieurs inconnus.