L’arrivée des réfugiés burkinabè au Ghana a confirmé ce qu’Accra savait déjà : le Ghana et ses voisins du Golfe de Guinée sont en passe de devenir une nouvelle ligne de front du conflit djihadiste au Sahel. Pour l’heure, le Ghana a échappé à une attaque directe.

Les voisins du Ghana, ivoirien d’abord et désormais togolais et béninois, font face au débordement des violences de groupes armés se dirigeant désormais vers le Sud. Cotonou a ainsi confirmé avoir enregistré plus de 20 incursions armées depuis 2021.

Selon les experts, le Ghana (33 millions d’habitants) partage avec ses voisins des caractéristiques propices à l’infiltration, au financement et même au recrutement de djihadistes parmi les locaux, à savoir des frontières poreuses, une présence faible de l’Etat dans le Nord, des réseaux de contrebande et des tensions intercommunautaires.

Le gouvernement a choisi de renforcer la présence militaire et de sensibiliser les communautés pour apaiser les tensions et soutenir les populations locales, disent les experts.

Le retrait des militaires français du Mali, sur fond d’impopularité des troupes étrangères sur le terrain et de différends avec la junte au pouvoir, a amené les partenaires occidentaux à regarder davantage vers les pays du Golfe.

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a appelé à une coopération locale entre les pays voisins, notamment à des opérations militaires conjointes et un partage des renseignements.

Pendant ce temps, les autorités et riverains du Nord du Ghana évoquent le danger croissant des groupes djihadistes opérant à quelques kilomètres.

Malgré les opérations multinationales, le conflit au Sahel s’est étendu du Mali au Niger et au Burkina Faso voisins. Depuis 2015, les violences ont fait deux millions de déplacés et des milliers de morts, rien qu’au Burkina.

 

Les actions meurtrières des groupes liés à Al-Qaïda et au groupe l’EI au Burkina sont en partie à l’origine de deux coups d’Etat dans le pays en 2022. Ces violences n’ont cessé de se multiplier ces derniers mois notamment dans l’Est, qui partage des frontières avec le Bénin, le Togo et le Ghana.