Le Premier ministre éthiopien Aby Ahmed, Prix Nobel de la Paix, qui avait enfilé ses habits de Général et monté au front ,face à l’avancée menaçante des rebelles du Tigré ,est revenu à de meilleurs sentiments.
Avec le repli des combattants du TPLF (rebelles tigréens) dans leur région ,et l’arrêt des hostilités -qui menaçaient l’unité de la Fédération éthiopienne- ,il est devenu plus lucide ,en annonçant la libération de personnalités emprisonnées depuis 2020.
Ce geste de bonne volonté politique, est aussi un acte d’ouverture qui autorise tous les espoirs.
Pour la mise en branle d’une nouvelle dynamique de dialogue salutaire, seule à même de sauver l’Etat éthiopien ,en maintenant la cohésion si fragile entre les différentes communautés ethniques.
Le réalisme est en train de prévaloir, avec l’échec de facto de la « critique des armes », qui a montré qu’aucun camp n’était en mesure d’écraser totalement l’autre.
Les forces du TPLF ont été stoppées à 200 kilomètres de la capitale Addis-Abeba.
Aby Ahmed avait été obligé de se porter à la tête des soldats fédéraux pour les galvaniser.
Il y avait péril en la demeure et un vrai risque que le TPLF et ses alliés OROMO ne lancent un assaut sur la capitale.
Les chancelleries occidentales avaient demandé à leurs ressortissants de quitter le pays ,au bord du chaos.
Tout le monde craignait le pire : la destruction d’Addis et la ruine du boom économique, qui s’était maintenu sur une décennie et avait commencé à transformer l’Ethiopie de manière spectaculaire.
Par un comportement erratique ,Ahmed le « Nobélisé », avait grillé ses cartes, comme Aung San Suu Kyi , en Birmanie, qui avait joué le jeu des soldats extrémistes ,avant de devenir leur victime.
Ahmed lui, a terni son image d’unificateur démocrate ,en versant dans des choix irréfléchis qui privilégient la force.
Il croyait pouvoir conquérir le Tigré par une guerre éclair ; mais a fini par constater son échec militaire.
Aujourd’hui ,il lâche du lest et redevient un adepte de la Realpolitik.
C’est un revirement louable, qui pourrait permettre d’organiser un dialogue fécond.
Tous les protagonistes savent maintenant l’état réel des rapports de force sur le terrain.
Le patriotisme de chacun devrait pousser à trouver un modus vivendi , pour restaurer la confiance et négocier une paix des braves qui sauverait l’essentiel, à savoir la paix sociale et l’unité nationale politique.
Ce serait une première étape, avant de s’atteler à une refondation du modèle fédéral .
Ce sera un vaste chantier politique pour un pays miné par des divisions ethniques irréductibles.
En cette aube de Nouvel An, Aby ne se présente pas sous les traits du Père Noel, mais semble apporter un cadeau précieux ,la désescalade qui pourrait ouvrir la porte à une paix possible et durable.