Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a déclaré que les opérations militaires au Tigré sont terminées. L’offensive engagée il y trois jours est donc victorieuse et la capitale du Tigré, Mékélé est tombée entre les mains des forces fédérales.
La rapidité de l’action militaire ne peut être comprise que si on prend en compte le choix des forces du front de libération du peuple du Tigré (TPFL) de se retirer de leur capitale.
Pour éviter un bain de sang que les attaques à l’arme lourde et celles aériennes de l’armée fédérale allaient provoquer au niveau des populations civiles.
Les rebelles tigréens ont de l’expertise militaire à revendre, pour avoir dirigé le pays (toute l’Éthiopie) pendant trois décennies. Et ils sont conscients de la supériorité de l’armement des « fédéraux » et surtout de leur propre faiblesse criarde qu’induit le manque d’avions.
Ils se sont donc repliés dans les zones de montagne pour continuer le combat. La victoire de Abiy Ahmed est réelle, mais pas totale, car le TPLF a les moyens de lancer des attaques meurtrières sous forme de guérilla. Le premier ministre éthiopien voulait mater les Tigéens et les mettre au pas.
Le premier objectif est atteint, le second ne le sera, peut-être jamais. Question de fierté ethnique et de volonté farouche d’indépendance ! Après cette démonstration de force probante, il faudrait ouvrir des passerelles pour un dialogue constructif.
Ahmed, Prix Nobel de la paix, a un défi à relever pour mériter encore l’immense distinction que le jury de Stockholm lui a décernée. Il doit donc reprendre ses habits civils et tendre la main à tous les tigréens soucieux de préserver la paix civile et le développement économique dans l’ensemble du pays.
Ce premier pas posé, il restera le plus difficile, à savoir tenter une médiation avec le TPLF. Sans accord avec le TPFL, il n’y aura jamais de paix véritable au Tigre.