En signe d’apaisement, le pouvoir en Algérie vient de libérer 75 prisonniers détenues dans le cadre du mouvement de contestation, dont une de ses figures, Lakhdar Bouregaâ, 86 ans. Ce dernier est présenté comme un vétéran très respecté de la Guerre d’indépendance devenu un symbole de la répression.
Lakhdar Bouregaâ a quitté la prison d’Alger où il était en détention préventive depuis le 30 juin. « Son procès, qui devait s’ouvrir ce jeudi a été reporté et le juge a décidé de le libérer », selon son avocat Abdelghani Badi, cité par l’AFP. Bouregaâ comparaîtrait libre lors de son procès, renvoyé au 12 mars.
Selon l’agence de presse officielle APS, l’accusation de « participation à une entreprise de démoralisation de l’armée », crime passible de 5 à 10 ans de prison, a été abandonnée et Bouregaâ n’est plus prévenu que d’« outrage à corps constitué », passible d’une amende.
Selon la télévision nationale, outre Lakhdar Bouregaâ, la justice a remis en liberté 75 personnes incarcérées – dont 51 à Alger – dans le cadre du « Hirak », le mouvement de contestation populaire du régime qui agite l’Algérie depuis le 22 février.
Certains ont été libérés avant la fin de leur peine, mais la majorité était en détention provisoire. Ces libérations représentent environ la moitié des quelque 140 « détenus du Hirak » dénombrés avant cette mesure par le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), qui les recense et les soutient.
Le président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre lors d’une élection imposée par le pouvoir, boycottée par la contestation et massivement boudée par les électeurs, a proposé un « dialogue » au Hirak.
L’arrestation à son domicile puis le placement en détention préventive de Lakhdar Bouregaâ, haut responsable militaire de l’Armée de Libération nationale durant la guerre contre le pouvoir colonial français (1954-1962), avaient suscité l’indignation en Algérie.
Son portrait était depuis brandi dans les cortèges hebdomadaires du Hirak -auxquels il participait auparavant régulièrement- et il était devenu le symbole de tous les « détenus » de la contestation. Bouregaâ avait été arrêté après avoir sévèrement critiqué le chef d’état-major de l’armée de l’époque, le général Ahmed Gaïd Salah, qui apparaissait alors comme l’homme fort du pays depuis la démission en avril du président Abdelaziz Bouteflika, sous la pression du « Hirak ». Le général Gaïd Salah est décédé le 23 décembre dernier.