Le Sénégal a longtemps été considéré comme un modèle de stabilité et de diplomatie active en Afrique. De Léopold Sédar Senghor, intellectuel écouté et pionnier de la Francophonie, à Macky Sall, médiateur dans les crises ouest-africaines, les présidents sénégalais ont porté la voix du continent sur les plus grandes tribunes internationales.

Sous Abdou Diouf, le Sénégal a renforcé son rôle de pont entre l’Afrique et l’Occident, tandis qu’Abdoulaye Wade s’est imposé comme un défenseur des intérêts africains, notamment à travers le NEPAD. Macky Sall, quant à lui, a su tirer profit de son mandat à la tête de l’Union africaine pour positionner le Sénégal comme un acteur incontournable des négociations climatiques et des réformes de gouvernance mondiale.

Le pays était régulièrement sollicité pour des médiations, que ce soit en Gambie, ou même au-delà du continent. Les sommets internationaux (G20, COP, Assemblée générale de l’ONU) voyaient systématiquement une délégation sénégalaise influente, dont les prises de parole étaient écoutées avec attention.

Depuis l’arrivée au pouvoir de Bassirou Diomaye Faye et du régime Pastef, le constat est sans appel : le Sénégal a perdu son aura diplomatique.

Contrairement à ses prédécesseurs, le président Faye brille par son absence dans les forums stratégiques. Les invitations se font rares, et quand elles existent, elles ne débouchent pas sur des prises de position marquantes.

Le 65e anniversaire de l’indépendance du Sénégal, événement autrefois couru par les dirigeants africains et occidentaux, n’a réuni que deux chefs d’État. Un camouflet qui en dit long sur le désintérêt des partenaires étrangers pour le nouveau régime.

Que ce soit sur la guerre en Ukraine, les tensions au Sahel, ou le conflit israélo-palestinien, le Sénégal, autrefois prompt à appeler au dialogue, se tait désormais. Son absence dans les médiations ouest-africaines (Mali, Burkina, Niger) est particulièrement frappante.

Aujourd’hui, le ministre des Affaires étrangères actuel est perçu comme incompétent par ses pairs, incapable de mener des négociations subtiles. Quant au Premier ministre, son passé controversé (accusations de viol ) handicape sa capacité à représenter le pays à l’étranger.

Plusieurs facteurs expliquent cette chute brutale :
– Une équipe dirigeante inexpérimentée : Contrairement aux diplomates aguerris des anciens régimes, l’actuel gouvernement manque de réseaux et de savoir-faire en politique étrangère.
– Un discours incohérent : Entre rupture affichée et absence de vision claire, le Sénégal ne parvient plus à rassurer ses alliés traditionnels (France, UE) ni à séduire de nouveaux partenaires (Russie, Chine).
– Un isolement régional : Les relations avec le Maroc, l’Algérie ou la Côte d’Ivoire se sont refroidies, et le Sénégal n’est plus perçu comme un leader crédible en Afrique de l’Ouest.

Le Sénégal ne peut se permettre de devenir un spectateur dans un monde en recomposition. Il doit reprendre une posture proactive en s’impliquant dans les médiations régionales et professionnaliser sa diplomatie, en nommant des experts reconnus plutôt que des proches du pouvoir sans expérience.

La confiance avec les partenaires traditionnels doit être restaurée tout en diversifiant ses alliances.

Sans cela, Dakar risque de passer du statut de capitale diplomatique de l’Afrique à celui de simple figurant sur l’échiquier mondial. L’histoire jugera sévèrement ce gâchis géopolitique.