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Des milliers de programmes suspendus, des millions de bénéficiaires plongés dans l’incertitude… L’annonce du gel d’une part significative de l’aide étrangère par la nouvelle administration américaine suscite de vives inquiétudes dans le secteur humanitaire.
Dès le 24 janvier, quatre jours après l’investiture de Donald Trump, les organisations non gouvernementales financées par l’Agence américaine pour le développement international (USAID) reçoivent une première notification leur demandant de suspendre leurs activités. Une semaine plus tard, un second courrier leur accorde une reprise partielle, limitée aux interventions humanitaires d’urgence, notamment dans les domaines de la santé, des abris et de l’accès à l’eau potable.
Toutefois, l’absence de directives précises laisse les ONG dans le flou. Pendant ce temps, l’administration Trump multiplie les attaques contre l’USAID. Elon Musk, missionné pour restructurer le gouvernement fédéral, annonce son intention de « fermer » l’agence, tandis que le secrétaire d’État Marco Rubio prend temporairement la tête de l’organisation pour, selon ses termes, y mettre fin à l' »insubordination ».
Une répercussion mondiale
Avec un budget de 42,8 milliards de dollars, l’USAID représente à elle seule 42 % de l’aide humanitaire mondiale. Son gel impacte de nombreux programmes essentiels, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.
Au Mozambique, la suspension des financements a mis en pause les initiatives de relance agricole destinées aux déplacés fuyant l’insurrection dans la province de Cabo Delgado. Au Yémen, l’arrêt des distributions d’argent liquide, considérées comme un levier crucial pour soutenir l’économie locale en temps de guerre, prive des milliers de personnes d’une ressource vitale. En Syrie, la reconstruction des infrastructures d’eau et d’assainissement est à l’arrêt, compromettant l’accès à des services essentiels.
Selon le directeur d’une ONG française active sur ces terrains, « on rajoute de la crise à la crise ». L’organisation qu’il dirige soutient annuellement cinq millions de personnes, et la part des fonds américains dans son budget met aujourd’hui en péril l’aide apportée à près de deux millions d’entre elles.
Des conséquences humaines et géopolitiques
L’impact de cette décision pourrait se traduire par des conséquences dramatiques. « Des médicaments vitaux expirent tandis que des enfants tombent malades, et des vivres se gâtent alors que des familles souffrent de la faim », dénonce le président d’une alliance regroupant plus de 160 ONG.
L’Afrique du Sud, où vit la plus grande population séropositive au monde, voit certaines cliniques fermer leurs portes en raison du manque de financements. Aux Philippines, où l’aide américaine s’élevait à 190 millions de dollars en 2023, l’incertitude plane sur l’approvisionnement en vaccins contre la tuberculose et le soutien aux victimes de violences.
Les secteurs liés aux questions de genre et de santé sexuelle pourraient être les plus touchés. Une ONG britannique, active dans la contraception et l’avortement, estime que la suppression des fonds américains, bien que représentant une part mineure de son budget, aura un impact significatif sur des associations plus dépendantes de ces financements.
Au-delà des enjeux humanitaires, cette politique pourrait affaiblir l’influence internationale des États-Unis. Un expert en relations internationales souligne que « le soft power américain repose sur son attractivité et sa générosité ». En coupant ces fonds, Washington risque de laisser le champ libre à d’autres puissances, notamment la Chine, dans la bataille pour l’influence mondiale.