Le candidat italien M. Salvatore Sciacchitano à la présidence du Conseil de l’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI), n’a pas la faveur des pronostics. Pour cause, l’Union européenne dont il est issu a été à la base d’une crise qui a longtemps secoué l’Organisation de l’Aviation civile internationale.
” Lorsque la question des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) de l’aviation internationale est posée devant l’Organe subsidiaire du conseil scientifique et technologique, au sein de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les États parties n’ont pu s’accorder sur les règles d’attribution de ces émissions. En 1997, la Cop de Kyoto a décidé de confier à l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) la responsabilité de mettre au point un mécanisme de réduction des GES dans le secteur aérien. Un choix qui n’a jamais été remis en question, y compris dans l’accord de Paris de décembre 2015 “, dit un rapport rendu public sur la crise UE/OACI.
Cette décision était motivée à l’époque par la modestie des émissions globales de CO2. Les études de l’OACI menées avec rigueur, confirmaient une telle tendance : ” La part de l’aérien dans les émissions globales de CO2 reste modeste (entre 2 et 5%), mais ces émissions croissent de 5 % par an, de façon plus rapide que dans les autres secteurs. Entre 1990 et 2010, ces émissions ont crû d’environ 80% au lieu de 40% pour le reste de l’économie. Dans le pire des scénarios, le trafic aérien mondial (donc les émissions) pourrait croître de 515% entre 2000 et 2050, bien que l’estimation la plus courante soit +220% “, concluait le rapport de l’OACI.
Cependant, la position de l’OACI a évolué avec le temps : ” En 1998, l’Assemblée de l’OACI approuvait le principe d’une participation de l’aérien à un futur marché de carbone comme prévu par le protocole de Kyoto, mais renvoyait le sujet à des études techniques “.
Faisant cavalier seul, l’Union européenne (UE) adopta en 2003 une directive créant un marché européen des droits d’émission de CO2 –Emission Trading System (ETS)–, devenu effectif en 2005. Avant que l’OACI ne trouve un accord sur l’élaboration d’un mécanisme de marché –Market-Based Mechanism (MBM)–, l’UE a eu le toupet, lors d’une révision de la directive ETS, intervenue le 19 novembre 2008, d’y intégrer l’aviation internationale pour tous les vols touchant le territoire européen !
Cette arrogance de l’Union européenne, caractérisée par une démarche individualiste a longtemps suscité une crise entre l’Union européenne et l’OACI, crise qui a débouché sur une guéguerre entre les deux institutions, dirigée notamment par les États-Unis et la Chine avec la participation active de tous les États parties non européens.
Cette maladresse européenne amène les États parties, qui ne sont pas du vieux continent, à se méfier d’un candidat européen M. Salvatore Sciacchitano (Italie), qui risquerait de conduire l’OACI vers des positions unilatéralistes pour ne pas dire égocentriques. Ceci, fait dire à certains analystes que la candidate du Sud, la citoyenne émiratie Mme Aysha Al-Hameli, part largement favorite pour l’élection du 25 novembre, et sera suivie par le candidat le moins connu du groupe, M. Bakyt Dzhunushaliev du Kirghizistan.
À noter également que Mme Aysha Al-Hameli est venue en Afrique pour assister les 13 et 14 novembre derniers à la célébration du 50ème anniversaire de la CAFAC (Commission africaine pour l’aviation civile), tenue à Dakar. Sénégal en Afrique de l’ouest. Cela a permis de se rendre compte davantage des priorités spécifiques africaines.