Le président kényan William Ruto a renoncé mercredi aux hausses envisagées des impôts, cédant ainsi à la pression des protestataires qui ont pris d’assaut le parlement, lancé des manifestations dans tout le pays et menacé de mener d’autres actions au cours de la semaine.

Cette décision sera considérée comme une victoire majeure pour un mouvement de protestation mené par des jeunes depuis une semaine, qui est passé des dénonciations sur Internet des hausses d’impôts à des rassemblements massifs exigeant une réforme politique, dans la crise la plus grave de la présidence de M. Ruto.

Toutefois, certains manifestants ont déclaré sur les réseaux sociaux qu’en dépit de l’inflexion du président, ils maintiendraient le rassemblement prévu pour ce jeudi 27 juin, et nombre d’entre eux ont réitéré leur demande de démission de M. Ruto. Ce dernier a annoncé qu’il ne signerait pas le projet de loi de finances comprenant les augmentations d’impôts, un jour après que les affrontements entre la police et les manifestants à l’assemblée et dans tout le pays ont fait au moins 23 morts et des dizaines de blessés, selon les médecins.

“En écoutant attentivement le peuple kényan qui a dit haut et fort qu’il ne voulait rien savoir de ce projet de loi de finances 2024, j’ai cédé. Par conséquent, je ne signerai pas la loi de finances 2024 et elle sera retirée par la suite”, a-t-il déclaré lors d’une allocution télévisée.

Le vice-président Rigathi Gachagua a demandé aux jeunes de cesser les manifestations afin d’éviter de nouvelles pertes humaines et destructions de biens, et a reproché aux services de renseignement d’avoir mal conseillé le gouvernement. “Il n’y aurait pas eu de désordre, mais ils ont dormi au travail”, a-t-il déclaré dans un discours, appelant le chef du service national de renseignement à démissionner.

Les manifestants se sont montrés défiants, réitérant les appels à la démission de M. Ruto et promettant de nouvelles actions dans les rues.

Boniface Mwangi, un éminent militant de la justice sociale impliqué dans les manifestations, a appelé à une “marche d’un million de personnes”.

“L’arrogance a disparu, mais les mensonges sont toujours là”, a-t-il écrit sur la plateforme X. “Hier, ils ont lâché des voyous et des policiers pour tuer des manifestants pacifiques. Cela ne nous arrêtera pas”, a-t-il ajouté. D’autres membres du mouvement de protestation ont continué à publier des messages sur les médias sociaux en utilisant le hashtag #tupatanethursday, ou “rendez-vous jeudi”, dans un mélange de swahili et d’anglais.

Même si la concession de William Ruto parvient à écarter la menace immédiate d’une aggravation des troubles, il reste pris entre les exigences concurrentes de ses concitoyens durement éprouvés et des bailleurs de fonds tels que le FMI, qui exhorte le gouvernement à réduire les déficits afin d’obtenir davantage de financements.