Le candidat malheureux des présidentielles au Kenya, Raila Odinga.

Le vétéran de l’opposition kényane Raila Odinga a dénoncé mardi « une violence policière sans précédent » lors des manifestations contre le gouvernement et la vie chère, qui se tiennent ces derniers mois dans le pays.

La coalition d’opposition Azimio a organisé depuis mars neuf journées d’action contre la politique du président William Ruto, qui ont parfois donné lieu à des pillages et des affrontements avec les forces de l’ordre. Selon Azimio, au moins 50 personnes ont été tuées depuis mars, une vingtaine selon les chiffres officiels.

« Nous assistons à une violence policière sans précédent », a déclaré Raila Odinga lors d’une conférence de presse devant la presse étrangère dans la capitale kényane Nairobi. « La police et des gangs ont tiré et tué ou blessé des dizaines de personnes à bout portant », a-t-il affirmé, soutenant que « toutes les victimes étaient non armées ».

Selon lui, ces violences visent particulièrement les Luos, l’ethnie dont il est issu. Accusant l’opposition d’inciter à la violence, le président Ruto a affirmé mercredi dernier son soutien à la police, qui « doit s’assurer qu’elle est ferme envers les criminels, les gangs, les anarchistes et tous ceux qui veulent semer le chaos ».

Des organisations de défense des droits humains ont dénoncé la répression menée par la police, qui a parfois procédé à des tirs à balles réelles. Une coalition de 29 ONG, dont Amnesty International, a affirmé vendredi avoir documenté 27 « exécutions extrajudiciaires, sommaires et arbitraires » lors des cinq journées d’action organisées en juillet.

Au lieu de « manifestations pacifiques », Azimio a appelé à des « défilés et veillées de solidarité pour les victimes des violences policières ». « Nous appelons les Kényans à sortir, allumer des bougies et déposer des fleurs » en leur mémoire, a-t-elle annoncé dans un communiqué lundi.

Elu en août 2022, William Ruto fait face à une contestation croissante. Il est notamment accusé d’ajouter aux difficultés des Kényans, déjà aux prises avec une inflation continue (+8% sur un an en juin), avec une loi promulguée début juillet instaurant de nouvelles taxes.