Un village dogon a été « quasiment rasé » et une centaine de morts ont été recensés dans le centre du Mali lors d’un nouveau carnage. Le pays est en proie à un cycle d’atrocités entre communautés de plus en plus antagonistes.
Des hommes armés, soupçonnés d’être des terroristes, ont lancé un assaut meurtrier contre le village de Sobame Da, sur la commune de Sangha, dans la région de Mopti. Le bilan provisoire « fait état de 95 morts et de 19 portés disparus, plusieurs animaux abattus et des maisons incendiées », selon le gouvernement malien.
Certaines victimes auraient été égorgés et éventrés. « C’est un village dogon qui a été quasiment rasé », selon une source de sécurité malienne citée par l’AFP. Les assaillant étaient venus pour « tirer, piller et brûler », a estimé un élu local, en évoquant des « corps calcinés ». Les témoins évoquent « une cinquantaine d’hommes lourdement armés, venus à bord de motos et de pick-up ».
« C’est un choc, une tragédie », a confié le chef de la Mission de l’ONU au Mali (Minusma), Mahamat Saleh Annadif, cité par l’AFP. Cette nouvelle tuerie fait suite au massacre le 23 mars de quelque 160 Peuls par de présumés chasseurs dogons dans cette région, proche de la frontière avec le Burkina Faso, devenue la plus violente du pays.
Depuis l’apparition en 2015 dans le centre du groupe terroriste du prédicateur Amadou Koufa, recrutant prioritairement parmi les Peuls, traditionnellement éleveurs, les affrontements se multiplient entre cette communauté et les ethnies bambara et dogon, pratiquant essentiellement l’agriculture, qui ont créé leurs « groupes d’autodéfense ».
Dans son dernier rapport sur le Mali, daté du 31 mai, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait mis en garde contre de nouvelles « atrocités » dans le centre du Mali. Afin de les prévenir, il avait appelé le gouvernement malien à « s’attaquer aux mouvements extrémistes, aux tensions intercommunautaires, à la prolifération des armes légères et de petit calibre et à l’acquisition d’armes par des groupes d’autodéfense fondés sur l’appartenance ethnique ».
La Mission de l’ONU (Minusma) a annoncé le 16 mai avoir recensé « au moins 488 morts » depuis janvier 2018 dans des attaques de « chasseurs traditionnels contre des membres civils de la population peule » dans les régions de Mopti et Ségou (centre).