Le président nigérian Muhammadu Buhari, élu à 76 ans pour un second mandat en février, n’a toujours pas de gouvernement. Mais les noms qu’il a soumis au Parlement pour approbation la semaine dernière suscitent déjà la polémique.
Ainsi que le prévoit la Constitution du pays, le Sénat a validé cette semaine les 43 noms que lui a soumis le président, mais les ministres ne sont pas encore entrés en fonction et personne ne connaît les portefeuilles auxquels ils seront assignés.
Il y a quatre ans déjà, le gouvernement avait été entériné six mois après l’investiture de Buhari, et tout le monde craint qu’un tel scenario ne se répète.
Pour les observateurs, ce retard, dans un pays de 190 millions d’habitants en proie à l’insécurité, gangréné par la corruption et à l’économie fragile malgré une production de deux millions de barils de pétrole par jour, inquiète investisseurs et observateurs.
Des voix se lèvent également pour dénoncer le peu de femmes choisies (7 sur 43), dans un pays qui détient déjà le record de la plus faible représentation des femmes au Parlement pour toute l’Afrique sub-saharienne, selon un rapport de International Republic Institute (IRI) de 2019, cité par l’AFP.
Les commentateurs politiques regrettent également que 14 des ministres choisis appartenaient déjà au précédent gouvernement (2015-2019), ne laissant ainsi présager aucune réforme de fond ou changement de cap.
Au contraire, la quasi-totalité des noms listés sont des anciens de la scène politique nigériane, tels Babatunde Fashola, ex-gouverneur de l’État de Lagos et ancien ministre de l’énergie, Rotimi Amaechi, ex-gouverneur de l’État pétrolier de Rivers et ancien ministre des Transports, mais aussi les ex-secrétaires d’État au Budget Zanaib Ahmed ou aux Affaires Étrangères Geoffrey Onyema.
Ils devraient tous être reconduits à leur poste, à l’exception d’Emmanuel Ibe Kachikwu, ancien secrétaire d’État au Pétrole. Ancien d’Exxon Mobil, il était une des rares personnalités de l’ancien gouvernement à être issu du privé.