La campagne électorale pour la présidentielle en Algérie a débuté dimanche dans la discrétion, sept mois après la démission d’Abdelaziz Bouteflika. Et ce, alors que le déroulement et l’issue de ce scrutin sont incertains en raison de son rejet total par le mouvement de contestation.
Les cinq candidats en lice ont tous participé à ou soutenu les deux décennies de présidence Bouteflika et sont vilipendés par une bonne partie de la population. Parmi eux, les ex-Premiers ministres de Bouteflika, à savoir Ali Benflis et Abdelmajid Tebboune, des septuagénaires. Ces deux derniers font figure de favoris. À leurs côtés: Azzedine Mihoubi, Abdelaziz Belaid et Abdelkader Bengrina.
La campagne se terminera le 8 décembre à minuit, trois jours avant le scrutin. Le “Hirak”, mouvement de contestation inédit apparu en février 2019, ne faiblit pas -des manifestations massives continuent chaque semaine- et refuse en bloc ce scrutin présidentiel. Après avoir obtenu en avril le départ d’Abdelaziz Bouteflika, les contestataires s’étaient déjà opposés à une élection présidentielle prévue le 4 juillet, annulée faute de candidats.
Preuve que cette campagne est « rejetée », aucun candidat n’a osé apposer ses affiches électorales sur les panneaux prévus à cet effet dans la capitale. Aucun candidat n’a organisé de meeting dans la capitale ou dans une des principales villes du nord, où le refus d’une présidentielle est clamé chaque semaine.
Si la plupart des panneaux sont restés vierges, certains ont été détruits et d’autres ont été « recouverts d’insultes ». Rappelons que près d’une centaine de manifestants du Hirak sont détenus et/ou sont poursuivis en Algérie, selon le comité national de libération des détenus (CNLD).
Le général Ahmed Gaïd Salah, homme fort du pays depuis la démission de Bouteflika, et le haut commandement militaire refusent tout autre scénario de sortie de crise qu’une élection présidentielle et la mise en place d’institutions de transition réclamée par les manifestants.
Samedi soir, le haut commandement a lancé un appel aux Algériens pour les « exhorter » à « participer activement aux côtés des forces » de sécurité afin d’« assurer la réussite de ce rendez-vous crucial pour l’avenir du pays ».
Depuis près d’un mois, la télévision publique montre des manifestations dans certaines villes en faveur des élections et soutenant le général Gaïd Salah.