L’ancien Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia a été placé en détention provisoire.

Quatre fois Premier ministre et proche d’Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Ouyahia a été écroué mercredi dans le cadre d’enquêtes anticorruption. Il a été placé en détention provisoire par le juge d’instruction près la Cour suprême.

L’ex-Premier ministre est poursuivi dans des affaires de dilapidation des deniers publics, d’abus de fonction et d’octroi d’indus privilèges. Selon l’agence de presse officielle APS, « d’autres responsables » doivent « comparaître devant le juge d’instruction près de la Cour suprême », seule juridiction compétente pour instruire les crimes et délits susceptibles d’avoir été commis dans l’exercice de leurs fonctions par des membres du gouvernement, des walis et certains hauts magistrats.

Âgé de 66 ans, Ahmed a été quatre fois Premier ministre entre 1995 et 2019, dont trois sous la présidence de Bouteflika, contraint à la démission le 2 avril, après 20 ans au pouvoir, par un mouvement de contestation sans précédent. Alors chef de cabinet du président Bouteflika, il avait été nommé pour la dernière fois en 2017 et, puissant mais impopulaire, avait été limogé en mars dernier pour tenter, en vain, d’apaiser la contestation.

Ancien ministre des Travaux publics (2017-2019) après avoir été plusieurs fois wali (préfet), une fonction dotée de larges pouvoirs, Abdelghani Zaalane, également auditionné mercredi, a lui été relâché sous contrôle judiciaire, rapporte la télévision nationale sans autres détails.

Ouyahia et Zaalane figurent parmi les 12 anciens ministres et préfets dont le Parquet d’Alger a annoncé avoir transmis les dossiers fin mai à la Cour suprême, dans le cadre des enquêtes visant, notamment pour des faits présumés de corruption, Ali Haddad, ancien patron des patrons et PDG du n°1 privé des travaux publics en Algérie, en détention préventive.

 

11 responsables auditionnés

Le Parquet d’Alger a en outre indiqué mardi avoir transmis à la Cour suprême les dossiers de 11 responsables et anciens responsables visés dans l’enquête contre un autre influent homme d’affaires, Mahieddine Tahkout, placé lundi en détention provisoire pour des faits de corruption et de blanchiment.

Sans donner de noms, le Parquet avait indiqué qu’étaient concernés un ancien Premier ministre et d’anciens ministres, en plus d’un ministre en poste et de cinq anciens walis et de deux en fonctions. Selon APS, Ouyahia a été entendu dimanche par un magistrat du tribunal d’Alger dans l’affaire Takhout. Depuis la démission du président Abdelaziz Bouteflika, la justice algérienne a lancé plusieurs enquêtes sur des faits de corruption et de dilapidation des deniers publics.

Plusieurs richissimes hommes d’affaires, la plupart soupçonnés d’avoir profité de leurs liens avec le chef de l’État déchu ou son entourage pour obtenir des avantages ou des marchés publics, ont été incarcérés, mais Ahmed Ouyahia est le premier haut responsable politique envoyé en prison dans ces affaires.

Lundi, la justice a annoncé poursuivre 38 fonctionnaires d’administrations ou de ministères dans le cadre de l’affaire Tahkout, en plus de l’intéressé, deux de ses frères et son fils – dirigeants de son groupe – et trois de ses salariés.

Dix-neuf personnes ont été incarcérées, y compris les quatre membres de la famille Tahkout. Le groupe Takhout possède notamment l’un des plus importants réseaux de concessionnaires automobiles en Algérie, une usine d’assemblage d’automobiles Hyundai, une chaîne de télévision et gère une large part du secteur des transports universitaire et urbain, via des contrats publics.