Le Président sud-africain Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa vient d’instaurer un salaire minimum national.

C’est le cadeau de fin d’année du président sud-africain aux plus de 6 millions de travailleurs pauvres qui vont, désormais, bénéficier d’un SMIG (salaire minimum garanti) avec 20 rands l’heure (soit 1,30 euros). Le SMIG sera ainsi de 3500 rands mensuels.

Ramaphosa a salué un « progrès historique » et rappelé que les travailleurs sud-africains ont été exploités depuis des décennies. Pour l’ancien syndicaliste qu’il est, c’est un moment à savourer même si c’est vraiment…un minimum. Il s’y ajoute que les entreprises « en difficulté » en seront dispensés.

L’alliance démocratique (ancien parti des racistes sud-africains) a dénoncé la mesure qui « serait un boulet pour l’économie ». Ces gens-là n’ont vraiment rien compris à l’évolution de la société sud-africaine qui, si elle ne se réforme pas et favorise l’intégration sociale et économique du plus grand nombre, va connaître des soubresauts violents.

Depuis 1994 et l’avènement de l’ANC, les inégalités criardes entre Blancs et Noirs perdurent. La question cruciale de la redistribution des terres n’est toujours pas réglée et l’économie reste aux mains de la minorité blanche.

Cette situation n’est pas tenable et Ramaphosa le sait bien, lui qui s’est battu pour le changement. Aujourd’hui, il a les rênes du pouvoir et n’a plus d’excuses.
Cependant son pouvoir est fragile car Zuma qu’il a réussi à écarter est toujours très puissant au sein de l’ANC.

Le procès pour corruption qui lui est intenté est encore suspendu. On peut penser qu’il n’aboutira pas avant les élections législatives prévues dans 5 mois et qui vont déterminer le sort de Ramaphosa à la tête du pays. Ce dernier avait battu Dlimi Zuma, ex-femme de Zuma, d’une courte tête. Il a besoin d’une mobilisation forte de l’ANC pour s’imposer.

Tout laisse croire qu’il va s’en sortir car tous les caciques du parti et la majorité noire y ont intérêt. Les deux partis d’opposition que sont l’alliance démocratique (AD) et les combattants pour la liberté économique (EFF) ne font pas le poids et sont très opposés, sur le plan idéologique pour envisager une coalition.

Mais lors des dernières élections municipales, l’ANC avait subi des revers cinglants en perdant la capitale économique Johannesbourg. Ce coup de semonce a été pris très au sérieux et explique aussi pour quoi Ramaphosa a pu évincer Zuma.

L’ANC doit revenir à ses fondamentaux pour servir le peuple. Ses dirigeants corrompus doivent être écartés sans états d’âme. Encore faudrait-il en avoir les moyens politiques.

Le chômage qui touche 27% de la population est une menace politique majeure pour l’ensemble du pays où la violence est endémique. Le pays de Mandela mérite beaucoup mieux. À ces héritiers de le prouver.