Le général Gilbert Diendéré a mis en cause les chefs de l’armée qui ont témoigné contre lui, devant le tribunal militaire de Ouagadougou. Ces déclarations interviennent au troisième jour de sa comparution dans le procès du putsch raté de 2015 au Burkina Faso.
Ancien chef du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’unité d’élite de l’armée qui a perpétré le coup d’État, Diendéré est accusé d’atteinte à la sûreté de l’État, trahison et meurtres, lors du putsch manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés en septembre 2015.
Gilbert Diendéré a estimé que toute la hiérarchie militaire était impliquée dans le coup d’État, comme l’ancien chef d’état-major général, le général Pingrenoma Zagré, et le secrétaire général du ministère de la Défense nationale, le colonel-major Alassane Moné.
« Ils ne devaient pas venir en tant que témoins mais avec une autre qualité. Leur place est à côté de nous, dans le box des accusés », a lancé à la cour le général Diendéré, considéré comme le cerveau du coup d’État, mais qui le nie farouchement.
Au total 84 accusés sont jugés par un tribunal militaire à Ouagadougou depuis le début du procès en février, dont un autre général, Djibrill Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères, également présent au procès.
« Moi j’assume pleinement ma responsabilité, mais j’estime que pour une justice équitable, pour (rendre) justice à ceux qui sont morts, blessés, il aurait fallu que certaines personnes soient à cette barre », a déclaré le général.
Le général Diendéré a catégoriquement nié lundi être à l’origine du coup de force raté de 2015, bien qu’il ait pris la tête du Conseil national pour la démocratie, organe dirigeant des putschistes, avant de rendre le pouvoir face à la pression populaire et à l’armée loyaliste. Mardi, il a déclaré ignorer qui a commandité le putsch. Depuis le début du procès, plusieurs sous-officiers qui ont perpétré le coup d’État l’ont cependant désigné lors de leurs comparutions comme le chef des putschistes.
La tentative de putsch, survenue moins d’un an après la chute du président Blaise Compaoré, qui dirigeait le pays depuis 1987 et qui a été renversé par une insurrection populaire, avait accentué la fracture au sein de la société burkinabè.