Les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, accusés d’être les cerveaux du coup d’État manqué de 2015 au Burkina Faso, ont été condamnés respectivement à 20 et 10 ans de prison lundi par le tribunal militaire de Ouagadougou. Les deux hommes échappent ainsi à la prison à vie réclamée par le parquet.
Le général Diendéré, 60 ans, ancien bras droit de l’ex-président Blaise Compaoré, a été reconnu coupable d’« attentat à la sûreté de l’État », de « meurtre » et « coups et blessures ». Bassolé, 62 ans, ancien ministre des Affaires étrangères, a été reconnu coupable de « trahison ».
La dizaine de militaires membres du commando qui avait arrêté les membres du gouvernement de transition lors du coup de force ont aussi été condamnés : 19 ans de prison pour l’adjudant-chef Éloi Badiel, considéré comme le chef des opérations du putsch, 17 ans pour l’adjudant-chef Nébie, alias “Rambo”, qui avait reconnu avoir mené le groupe, et 15 ans pour les autres. Contre eux, le parquet avait requis 25 ans de prison.
Quant au lieutenant-colonel Mamadou Bamba, qui avait lu à la télévision le communiqué des putschistes, il a été condamné à 10 ans de prison dont cinq avec sursis. Le parquet avait requis 15 ans ferme à son encontre.
Rappelons que c’est le 16 septembre 2015 qu’une unité d’élite de l’armée burkinabè, le régiment de sécurité présidentielle (RSP), avait arrêté le gouvernement de transition mis en place près d’un an plus tôt, après la chute de l’ex-président Blaise Compaoré. Ce dernier avait été chassé par une insurrection populaire en octobre 2014 après 27 ans de pouvoir.
Le coup de force du RSP -garde prétorienne du régime Compaoré- contre le retour à la démocratie avait été mis en échec une douzaine de jours après par la population et des unités loyalistes de l’armée, mais au prix de 14 morts et 270 blessés.
Le verdict met un terme à ce procès marathon, hors normes, qui jugeait au total 84 accusés, dont six ont finalement été acquittés. L’issue du procès pourrait permettre, selon les observateurs, d’amorcer un début de réconciliation au Burkina, toujours divisé depuis la chute de Compaoré, en vue de l’élection présidentielle de 2020, et de ressouder les liens au sein de l’armée, fortement ébranlée par le putsch manqué et dont la hiérarchie a largement été mise en cause, alors que le pays subit depuis 2015 des attaques terroristes fréquentes et meurtrières, ayant fait plus de 500 morts.