Le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, dont le candidat ne s’est pas qualifié au premier tour de la présidentielle en Tunisie, a annoncé officiellement son appui à l’universitaire Kais Saied, arrivé en tête.
Ce nouveau rebond dans la campagne d’une présidentielle pleine de surprises, intervient au lendemain du décès du président Zine El Abidine Ben Ali, chassé par la rue le 14 janvier 2011, et décédé jeudi en exil, à Jeddah en Arabie saoudite.
Ennahdha, qui ne s’était pas positionné officiellement lors de la présidentielle en 2014, a exprimé clairement vendredi son soutien en faveur de Kais Saied.
Kais Saied est présenté comme un néophyte en politique et universitaire perçu comme conservateur sur les questions sociétales. Il a créé la surprise en arrivant en tête du premier tour de la présidentielle dimanche avec 18,4% des voix.
Il sera opposé au second tour au publicitaire Nabil Karoui, soupçonné de blanchiment et incarcéré. Ce dernier avait engrangé 15,6% des voix. Le 18 septembre, la justice a rejeté de nouveau une demande de libération de ce candidat.
Le candidat d’Ennahdha, Abdelfattah Mourou, le premier à briguer la magistrature suprême sous l’étiquette de ce parti, avait récolté 12,9%, soit 400.000 voix environ, poursuivant l’érosion constatée depuis 2011.
La formation islamiste modérée « ne pouvait pas soutenir Nabil Karoui car elle est déjà accusée par sa base d’avoir traité avec le système au détriment de ses principes », selon le politologue Slaheddine Jourchi, cité par l’AFP.
Ennahdha a gouverné en coalition avec le parti Nidaa Tounes, dont est issu Nabil Karoui, qui avait gagné les élections en 2014 sur un programme anti-islamiste. Ce choix a apaisé des clivages déstabilisant le paysage politique de la jeune démocratie, au prix d’importantes concessions.