Le principal rival du président Muhammadu Buhari aux élections présidentielles au Nigeria, Atiku Abubakar, a proposé s’il est élu, d’accorder une amnistie aux personnes coupables de corruption qui accepteraient de rendre les fonds détournés.
« Cela a fonctionné pour la Turquie. La Turquie a accordé une amnistie et tout l’argent à l’étranger est revenu. Le gouvernement a dit si vous rapportez l’argent, vous ne payerez même pas d’impôt », a souligné l’ancien vice-président Abubakar, interrogé lors d’une émission de télé diffusée en direct mercredi soir. Le candidat à la présidentielle du 16 février a également mentionné la lenteur du système judiciaire nigérian comme frein à la lutte anti-corruption.
« Si vous engagez des poursuites contre ces personnes, vous les poursuivrez sans fin et vous ne récupèrerez pas l’argent », a-t-il déclaré, arguant que ces sommes pourraient ainsi être réinvesties dans l’économie. « Il faut choisir entre la droiture morale et le développement du pays », a-t-il conclu.
Au Nigeria, premier exportateur de pétrole avec une moyenne de 2 millions de barils par jour, la corruption a gangréné toutes les époques et tous les gouvernements depuis les années 1960. La lutte contre la corruption est au cœur de la campagne présidentielle.
Muhammadu Buhari, 76 ans, avait été élu à la tête du Nigeria en 2015 sur la promesse d’éradiquer la corruption mais voit aujourd’hui son bilan très mitigé, très peu de condamnations judiciaires ayant été prononcées.
Le Nigeria est classé 144 sur 180 pays en 2018 (il était 140ème en 2017), selon l’Indice de perception de la corruption publié mardi par Transparency International. « La perception de la corruption n’a enregistré aucun progrès ni amélioration au sein de l’administration publique en 2018 », a relevé l’ONG dans son rapport annuel.